quinta-feira, agosto 31, 2006
Índice de hoje
- La capa de ozono se está normalizando, según un estudio realizado por la NASA (El Pais, Madrid)
- L'explosion d'une supernova observée pour la première fois en direct (Le Monde, Paris)
- L'explosion d'une supernova observée pour la première fois en direct (Le Monde, Paris)
La capa de ozono se está normalizando, según un estudio realizado por la NASA
El Pais (Madrid)
La capa de ozono que protege a la Tierra de los rayos ultravioleta del sol se está normalizando debido a las medidas para reducir la emisión de fluorocarbonos que habían comenzado a destruirla, anunció hoy la NASA. Ésa fue la principal conclusión de un estudio realizado por la NASA y la Administración Nacional Oceánica y Atmosférica (NOAA) en el que se analizaron 25 años de datos recogidos en diferentes alturas de la estratosfera por globos aerostáticos, instrumentos terrestres y satélites.
La estratosfera es la capa de la atmósfera situada entre una altura de 10 y 50 kilómetros de la superficie terrestre. La capa de ozono, principalmente en las zonas polares, comenzó a reducirse a partir de 1993 como consecuencia de gases destructivos, principalmente los fluorocarbonos.
Pero esas sustancias fueron prohibidas a partir de 1987 al entrar en ese año el Protocolo Internacional de Montreal y sus resultados comenzaron a advertirse desde 1997 cuando se detuvo la reducción de la capa, señaló un boletín del JPL. Según Eun-Su Yank, del Instituto Tecnológico de Georgia, de continuar el ritmo de recuperación de la capa de ozono, ésta podría volver a los niveles de 1980 a mediados de siglo.
Fue precisamente en los primeros años de ese decenio que los científicos descubrieron que la generación de fluorocarbonos producida por el hombre estaba destruyendo la capa de ozono. Los científicos indicaron que aproximadamente la mitad del cambio observado en la capa está ocurriendo en la región de la estratosfera por encima de los 18 kilómetros de la superficie terrestre, lo cual se debe íntegramente al protocolo, según afirman.
Mike Newchurch, coautor del estudio y profesor de la Universidad de Alabama, señaló que "lo sorprendente es el grado de recuperación encontrado en alturas menores, por debajo de la estratosfera media". "Allí, el ozono está mejorando más rápidamente que lo que esperábamos", agregó.
Sin embargo, Newchurch manifestó que será necesario seguir observando la recuperación de la capa de ozono para comprender el proceso. "Hasta que la causa del aumento del ozono en las capas inferiores de la estratosfera se entienda mejor, hacer predicciones será una tarea elusiva", manifestó.
La capa de ozono que protege a la Tierra de los rayos ultravioleta del sol se está normalizando debido a las medidas para reducir la emisión de fluorocarbonos que habían comenzado a destruirla, anunció hoy la NASA. Ésa fue la principal conclusión de un estudio realizado por la NASA y la Administración Nacional Oceánica y Atmosférica (NOAA) en el que se analizaron 25 años de datos recogidos en diferentes alturas de la estratosfera por globos aerostáticos, instrumentos terrestres y satélites.
La estratosfera es la capa de la atmósfera situada entre una altura de 10 y 50 kilómetros de la superficie terrestre. La capa de ozono, principalmente en las zonas polares, comenzó a reducirse a partir de 1993 como consecuencia de gases destructivos, principalmente los fluorocarbonos.
Pero esas sustancias fueron prohibidas a partir de 1987 al entrar en ese año el Protocolo Internacional de Montreal y sus resultados comenzaron a advertirse desde 1997 cuando se detuvo la reducción de la capa, señaló un boletín del JPL. Según Eun-Su Yank, del Instituto Tecnológico de Georgia, de continuar el ritmo de recuperación de la capa de ozono, ésta podría volver a los niveles de 1980 a mediados de siglo.
Fue precisamente en los primeros años de ese decenio que los científicos descubrieron que la generación de fluorocarbonos producida por el hombre estaba destruyendo la capa de ozono. Los científicos indicaron que aproximadamente la mitad del cambio observado en la capa está ocurriendo en la región de la estratosfera por encima de los 18 kilómetros de la superficie terrestre, lo cual se debe íntegramente al protocolo, según afirman.
Mike Newchurch, coautor del estudio y profesor de la Universidad de Alabama, señaló que "lo sorprendente es el grado de recuperación encontrado en alturas menores, por debajo de la estratosfera media". "Allí, el ozono está mejorando más rápidamente que lo que esperábamos", agregó.
Sin embargo, Newchurch manifestó que será necesario seguir observando la recuperación de la capa de ozono para comprender el proceso. "Hasta que la causa del aumento del ozono en las capas inferiores de la estratosfera se entienda mejor, hacer predicciones será una tarea elusiva", manifestó.
L'explosion d'une supernova observée pour la première fois en direct
Le Monde (Paris)
Une explosion lumineuse intense, appelée supernova, marque la fin de la vie de certaines étoiles. Les explosions de supernovae sont des phénomènes très rares – il y en a eu quatre au cours du dernier millénaire dans notre galaxie – et ont toujours été détectées après l'événement grâce à la localisation d'un éclat extraordinaire.
Une équipe américano-britannique a pu l'observer pour la première fois en direct dans notre galaxie. L'événement décrit dans la revue britannique Nature du jeudi 31 août a commencé à se produire le 18 février 2006 dans une galaxie située à quelque 440 millions d'années de lumière, vers la constellation du Bélier. Les astronomes ont observé un rayonnement gamma inhabituel, qui a duré près de quarante minutes, alors que la durée d'un tel phénomène est généralement de l'ordre de quelques millisecondes ou dixièmes de secondes.
"UNE BULLE DE GAZ DE DEUX MILLIONS DE DEGRÉS"
La période de rayonnement a été si longue que le satellite de la NASA, Swift, a pu focaliser tous ses instruments sur le phénomène, et les astronomes à Terre ont même réussi à observer l'explosion de l'étoile avec leurs télescopes. "Cette émission de rayonnement gamma a été le plus extraordinaire objet en évolution jamais enregistré par Swift", a estimé un des membres de l'équipe d'astronomes, Paul O'Brien, de l'université de Leicester (Grande-Bretagne) : "Un objet s'éclairant lentement, puis pâlissant."
Les observations, selon lui, font penser à "une giclée importante qui s'est répandue dans la région, mais qui était accompagnée d'une bulle de gaz incroyablement chaude – deux millions de degrés – et se mouvant plus lentement, produite par l'onde de choc de l'étoile en train d'exploser".
Pour le professeur Andrew Levan, de l'université du Hertfordshire (Grande-Bretagne), ces observations ont permis d'étudier "l'évolution d'une supernova à ses débuts" et de voir "comment les matériaux éjectés lors de l'explosion évoluent dans les jours et les semaines suivants". Cette supernova était une étoile massive d'une masse vingt fois supérieure à notre Soleil, selon les astronomes.
Une explosion lumineuse intense, appelée supernova, marque la fin de la vie de certaines étoiles. Les explosions de supernovae sont des phénomènes très rares – il y en a eu quatre au cours du dernier millénaire dans notre galaxie – et ont toujours été détectées après l'événement grâce à la localisation d'un éclat extraordinaire.
Une équipe américano-britannique a pu l'observer pour la première fois en direct dans notre galaxie. L'événement décrit dans la revue britannique Nature du jeudi 31 août a commencé à se produire le 18 février 2006 dans une galaxie située à quelque 440 millions d'années de lumière, vers la constellation du Bélier. Les astronomes ont observé un rayonnement gamma inhabituel, qui a duré près de quarante minutes, alors que la durée d'un tel phénomène est généralement de l'ordre de quelques millisecondes ou dixièmes de secondes.
"UNE BULLE DE GAZ DE DEUX MILLIONS DE DEGRÉS"
La période de rayonnement a été si longue que le satellite de la NASA, Swift, a pu focaliser tous ses instruments sur le phénomène, et les astronomes à Terre ont même réussi à observer l'explosion de l'étoile avec leurs télescopes. "Cette émission de rayonnement gamma a été le plus extraordinaire objet en évolution jamais enregistré par Swift", a estimé un des membres de l'équipe d'astronomes, Paul O'Brien, de l'université de Leicester (Grande-Bretagne) : "Un objet s'éclairant lentement, puis pâlissant."
Les observations, selon lui, font penser à "une giclée importante qui s'est répandue dans la région, mais qui était accompagnée d'une bulle de gaz incroyablement chaude – deux millions de degrés – et se mouvant plus lentement, produite par l'onde de choc de l'étoile en train d'exploser".
Pour le professeur Andrew Levan, de l'université du Hertfordshire (Grande-Bretagne), ces observations ont permis d'étudier "l'évolution d'une supernova à ses débuts" et de voir "comment les matériaux éjectés lors de l'explosion évoluent dans les jours et les semaines suivants". Cette supernova était une étoile massive d'une masse vingt fois supérieure à notre Soleil, selon les astronomes.
quarta-feira, agosto 30, 2006
Índice de hoje
- Horta com tecnologia rende mais (O Estado de S. Paulo, Brasil)
- Le chimpanzé transmet fidèlement son savoir à ses proches (Le Monde, Paris)
- 16 minutos que não mudaram o mundo (Diário de Notícias, Lisboa)
- Quand Jésus n'était qu'un prophète (Le Temps, Genève)
- Le chimpanzé transmet fidèlement son savoir à ses proches (Le Monde, Paris)
- 16 minutos que não mudaram o mundo (Diário de Notícias, Lisboa)
- Quand Jésus n'était qu'un prophète (Le Temps, Genève)
Horta com tecnologia rende mais
O Estado de S. Paulo (Brasil)
por Niza Souza
Nos últimos seis anos, o horticultor Júlio Luis Marangoni, de Mogi-Mirim (SP), triplicou a área plantada, passando de 4 para 12 hectares. Só a produção de alface, a principal cultura do sítio, subiu de 6 mil para 20 mil pés/semana. Para dar conta do crescimento, investiu em máquinas, implementos, sementes certificadas, variedades e há alguns meses começou a embalar os produtos. “Hoje, para ter lucro nesta atividade, em que o produto tem valor muito baixo e é altamente perecível, é fundamental investir em tecnologia”, diz o produtor, que planta ainda chicória, almeirão, couve, rúcula e agrião.
Os números do setor comprovam que os horticultores estão cada vez mais tecnificados. De acordo com o presidente da Câmara Setorial de Hortaliças do Estado de São Paulo, Thomas Nitzsche, nos últimos 20 anos a produção de hortaliças dobrou no País, e a área plantada diminuiu. “Isso só foi possível por causa da adoção de tecnologia”, diz. As tecnologias vão desde sementes certificadas até variedades mais produtivas e resistentes a pragas e doenças, passando pelo uso de estufas, hidroponia e manejo diferenciado.
NECESSIDADE
Para Nitzsche, o uso de tecnologia é uma necessidade para o horticultor continuar na atividade. “A rentabilidade vem caindo, e só consegue sobreviver quem está tecnificado.” Segundo dados da Associação Brasileira do Comércio de Sementes e Mudas (Abcsem), no País são cerca de 1 milhão de horticultores, que consomem R$ 230 milhões em sementes.
Outro ponto importante na cadeia de hortaliças, diz Nitzsche, é a comercialização, que, segundo ele, precisa ser mais eficiente, para agregar valor à cadeia. A entrada de grandes redes de supermercados e fast-foods, que compram direto dos produtores, é um exemplo.
Marangoni trabalha há 25 anos com horticultura. “Antes era meeiro. Só há seis anos passei a ser proprietário da terra. Foi a partir daí que comecei a investir em tecnologia.” Além de aumentar a produtividade do sítio, o produtor diz que investir para garantir a qualidade dos produtos é essencial, porque os consumidores estão cada vez mais exigentes.
O primeiro investimento, conta o produtor, foi em maquinário. Hoje, já são três tratores; uma canteiradeira - antes levantava o canteiro na enxada -; pulverizadores; concha carregadeira; rotativa e, mais recentemente, uma esparramadeira. “Reduzi a mão-de-obra e aumentei a produção. Se não modernizasse, não teria condições de aumentar a área plantada.”
ESTUFA
O produtor também produz suas mudas em estufa para depois transplantá-las no campo. “Isso melhora a eficiência da planta”, diz. Recentemente, Marangoni interessou-se por uma plantadeira de mudas de alface, o que iria diminuir a mão-de-obra e o tempo de plantio. A máquina planta 10 mil pés por hora e precisa de três funcionários. “Em duas horas a máquina planta minha produção da semana toda. É um trabalho do qual necessito de dez funcionários, o dia todo”, diz.
O mais recente investimento de Marangoni foi na embalagem das hortaliças. “Além de agregar valor ao produto, a embalagem aumenta o tempo de prateleira, reduz o contato com o produto, melhorando a higiene, e ainda reduz as perdas em 15%”, diz o produtor. A venda para os supermercados é feita por consignação. “O que estraga o supermercado não paga”, explica. “Daí a importância da embalagem.”
por Niza Souza
Nos últimos seis anos, o horticultor Júlio Luis Marangoni, de Mogi-Mirim (SP), triplicou a área plantada, passando de 4 para 12 hectares. Só a produção de alface, a principal cultura do sítio, subiu de 6 mil para 20 mil pés/semana. Para dar conta do crescimento, investiu em máquinas, implementos, sementes certificadas, variedades e há alguns meses começou a embalar os produtos. “Hoje, para ter lucro nesta atividade, em que o produto tem valor muito baixo e é altamente perecível, é fundamental investir em tecnologia”, diz o produtor, que planta ainda chicória, almeirão, couve, rúcula e agrião.
Os números do setor comprovam que os horticultores estão cada vez mais tecnificados. De acordo com o presidente da Câmara Setorial de Hortaliças do Estado de São Paulo, Thomas Nitzsche, nos últimos 20 anos a produção de hortaliças dobrou no País, e a área plantada diminuiu. “Isso só foi possível por causa da adoção de tecnologia”, diz. As tecnologias vão desde sementes certificadas até variedades mais produtivas e resistentes a pragas e doenças, passando pelo uso de estufas, hidroponia e manejo diferenciado.
NECESSIDADE
Para Nitzsche, o uso de tecnologia é uma necessidade para o horticultor continuar na atividade. “A rentabilidade vem caindo, e só consegue sobreviver quem está tecnificado.” Segundo dados da Associação Brasileira do Comércio de Sementes e Mudas (Abcsem), no País são cerca de 1 milhão de horticultores, que consomem R$ 230 milhões em sementes.
Outro ponto importante na cadeia de hortaliças, diz Nitzsche, é a comercialização, que, segundo ele, precisa ser mais eficiente, para agregar valor à cadeia. A entrada de grandes redes de supermercados e fast-foods, que compram direto dos produtores, é um exemplo.
Marangoni trabalha há 25 anos com horticultura. “Antes era meeiro. Só há seis anos passei a ser proprietário da terra. Foi a partir daí que comecei a investir em tecnologia.” Além de aumentar a produtividade do sítio, o produtor diz que investir para garantir a qualidade dos produtos é essencial, porque os consumidores estão cada vez mais exigentes.
O primeiro investimento, conta o produtor, foi em maquinário. Hoje, já são três tratores; uma canteiradeira - antes levantava o canteiro na enxada -; pulverizadores; concha carregadeira; rotativa e, mais recentemente, uma esparramadeira. “Reduzi a mão-de-obra e aumentei a produção. Se não modernizasse, não teria condições de aumentar a área plantada.”
ESTUFA
O produtor também produz suas mudas em estufa para depois transplantá-las no campo. “Isso melhora a eficiência da planta”, diz. Recentemente, Marangoni interessou-se por uma plantadeira de mudas de alface, o que iria diminuir a mão-de-obra e o tempo de plantio. A máquina planta 10 mil pés por hora e precisa de três funcionários. “Em duas horas a máquina planta minha produção da semana toda. É um trabalho do qual necessito de dez funcionários, o dia todo”, diz.
O mais recente investimento de Marangoni foi na embalagem das hortaliças. “Além de agregar valor ao produto, a embalagem aumenta o tempo de prateleira, reduz o contato com o produto, melhorando a higiene, e ainda reduz as perdas em 15%”, diz o produtor. A venda para os supermercados é feita por consignação. “O que estraga o supermercado não paga”, explica. “Daí a importância da embalagem.”
Le chimpanzé transmet fidèlement son savoir à ses proches
Le Monde (Paris)
Les primatologues en sont persuadés : nos cousins les grands singes possèdent des embryons de "culture" - entendue comme une capacité à transmettre d'une génération à l'autre des innovations. Tel groupe de chimpanzés sait piéger les termites avec une paille, quand tel autre ignore cette technique. Certains orangs-outans usent de baguettes pour extraire les graines de neesia de leur bogue acérée, alors que d'autres se contentent de casser le fruit.
Les exemples de ces comportements spécifiques se sont multipliés au fil des études de terrain. Mais ces observations n'apportent qu'une preuve circonstancielle d'une transmission culturelle. C'est pourquoi des chercheurs de l'université de Saint Andrews (Royaume-Uni) et du centre de primatologie Yerkes d'Atlanta (Etats-Unis) ont imaginé un dispositif reproduisant en captivité le passage, entre plusieurs générations, d'un comportement inédit. Frans de Waal et ses collègues ont utilisé une boîte renfermant de la nourriture, à laquelle on pouvait accéder soit en soulevant une porte, soit en la faisant glisser.
L'expérience consistait à apprendre à un chimpanzé une des deux techniques, puis à le faire observer par un de ses congénères naïf, lequel était ensuite appelé à tester le dispositif et à devenir à son tour modèle pour un troisième individu. Avant qu'un quatrième entre dans la chaîne, et ainsi de suite.
Comme ils l'expliquent dans la revue PNAS du 29 août, les chercheurs ont constaté une grande "fidélité" dans la transmission de l'une ou l'autre technique : le comportement initial pouvait être "canalisé" sur l'équivalent de cinq ou six générations. "Nos résultats montrent que les chimpanzés ont la capacité de maintenir des traditions locales sur plusieurs générations simulées", écrivent-ils. Des résultats équivalents ont été obtenus avec des petits d'homme de trois ans.
Les primatologues en sont persuadés : nos cousins les grands singes possèdent des embryons de "culture" - entendue comme une capacité à transmettre d'une génération à l'autre des innovations. Tel groupe de chimpanzés sait piéger les termites avec une paille, quand tel autre ignore cette technique. Certains orangs-outans usent de baguettes pour extraire les graines de neesia de leur bogue acérée, alors que d'autres se contentent de casser le fruit.
Les exemples de ces comportements spécifiques se sont multipliés au fil des études de terrain. Mais ces observations n'apportent qu'une preuve circonstancielle d'une transmission culturelle. C'est pourquoi des chercheurs de l'université de Saint Andrews (Royaume-Uni) et du centre de primatologie Yerkes d'Atlanta (Etats-Unis) ont imaginé un dispositif reproduisant en captivité le passage, entre plusieurs générations, d'un comportement inédit. Frans de Waal et ses collègues ont utilisé une boîte renfermant de la nourriture, à laquelle on pouvait accéder soit en soulevant une porte, soit en la faisant glisser.
L'expérience consistait à apprendre à un chimpanzé une des deux techniques, puis à le faire observer par un de ses congénères naïf, lequel était ensuite appelé à tester le dispositif et à devenir à son tour modèle pour un troisième individu. Avant qu'un quatrième entre dans la chaîne, et ainsi de suite.
Comme ils l'expliquent dans la revue PNAS du 29 août, les chercheurs ont constaté une grande "fidélité" dans la transmission de l'une ou l'autre technique : le comportement initial pouvait être "canalisé" sur l'équivalent de cinq ou six générations. "Nos résultats montrent que les chimpanzés ont la capacité de maintenir des traditions locales sur plusieurs générations simulées", écrivent-ils. Des résultats équivalents ont été obtenus avec des petits d'homme de trois ans.
16 minutos que não mudaram o mundo
Diário de Notícias (Lisboa)
por Vasco Graça Moura
Este Verão tem sido muito agitado. Em que medida isso nos diz respeito, a nós, portugueses, é uma boa questão e a resposta surgiu há poucos dias.
O cumprimento da resolução 1701 da ONU implicaria o desarmamento do Hezbollah e a libertação dos soldados israelitas mantidos como reféns. Sem isso, a resolução não está a ser cumprida, mas sim violada, e não pode exigir-se a Israel que se abstenha de mais acções militares. O risco de reacendimento do conflito agrava-se de dia para dia. Mas sosseguemos. Neste mimoso rincão da Europa à beira-mar plantado, não temos quaisquer razões para nos preocuparmos.
No rescaldo das acções militares, houve entretanto jornalistas que descreveram a maneira como o Hezbollah fazia trucagens para desinformação tendenciosa na imprensa internacional: por exemplo, colocando sapatos de criança ou brinquedos entre ruínas. Isto não tem a mínima importância. Não nos afecta uma perninha da Barbie implantada nos escombros nem um ursinho de peluche esquartejado, como testemunho da manipulação.
Como já se previa, os ministros dos Negócios Estrangeiros da União Europeia reuniram-se na passada sexta-feira. Discutiu-se o envio de uma força da ONU para o Líbano. Afinal, 15 mil capacetes-azuis, como queria a ONU, era de mais, e 150, como queria a França, era de menos. Chegou-se parvamente ao número de sete mil. E concluiu-se que os soldados iriam para lá jogar a bisca lambida nas horas de serviço e saltar ao eixo nas horas vagas. Assim, tudo continua pelo melhor, no melhor dos mundos possíveis.
A ameaça nuclear iraniana persiste. As manobras da diplomacia do Irão são verdadeiros passes de feira. Não é crível que o Irão prossiga com as suas instalações nucleares para usos pacíficos, nem se vê que um horizonte de sanções económicas possa desviá-lo dos seus propósitos de aniquilação de Israel. E ninguém pode prever as consequências de um conflito nuclear no Médio Oriente. Mas isto, verdadeiramente, passa muito, muito longe de nós.
Surgem um pouco por toda a parte sinais do terrorismo em aviões e comboios. Em poucos dias, foram desmontadas algumas ameaças, na Grã-Bretanha, na Alemanha, na Irlanda. Se não o tivessem sido, haveria hoje mais uns milhares de vítimas de morte violenta. E todos os dias há novos sobressaltos a bordo dos aviões. Mas não há razão para inquietações de maior. Não aconteceu nestas paragens.
A imigração maciça de africanos desesperados traz consigo os terríveis problemas de uma gigantesca tragédia humana, de par com as dificuldades de limitar o seu acolhimento e de o enquadrar legalmente. Vários países do Sul da Europa andam à procura de uma solução. Mas não é coisa que nos afecte especialmente.
O nosso país debate-se actualmente com inúmeros problemas que poderiam parecer muito graves: desde os projectos absurdos do Governo quanto ao aeroporto da Ota às dificuldades da nomeação do procurador-geral da República por consenso entre os dois maiores partidos, passando pela ineficácia do combate aos incêndios e pelos prejuízos consequentes, pela crise da agricultura e das pescas, pela crise crónica do ensino, por soluções para a Segurança Social, pelo agravamento sem nome quer da despesa pública, quer dos impostos, pela subida da taxa de juro e pelo aumento brutal do custo de vida, pela co-incineração nas cimenteiras, pela rápida reacção do presidente da Câmara de Coimbra à obstinação governamental, etc., etc. Mas, vendo bem as coisas, nenhuma dessas questões é de molde a fazer-nos perder o sono. Nós, portugueses, dormimos bem.
Eduardo Cintra Torres falou no acatamento pela RTP1 das instruções do Governo no tocante aos incêndios e na minimização das notícias correspondentes, quer em tempo de duração, quer no alinhamento dos serviços noticiosos. A RTP1 reagiu à insinuação, mui ciosa da sua independência jornalística. E assim, enquanto não se procede à comparação com os dados resultantes dos telejornais dos anos anteriores, também a propósito dos incêndios não há razão para sobressaltos.
A RTP1 decerto virá a proclamar com legítimo orgulho que não foi por obediência ao Governo que consagrou, na quinta-feira passada, os 16 primeiros minutos do Telejornal das 20.00 às dimensões transcendentais do caso Mantorras. De facto, nem o próprio Governo se lembraria disso, por muitas veleidades de interferência que tenha. E afinal esses 16 minutos não podem mudar o mundo. Só podem dar uma ideia daquilo que a RTP1 entende por serviço público de televisão.
por Vasco Graça Moura
Este Verão tem sido muito agitado. Em que medida isso nos diz respeito, a nós, portugueses, é uma boa questão e a resposta surgiu há poucos dias.
O cumprimento da resolução 1701 da ONU implicaria o desarmamento do Hezbollah e a libertação dos soldados israelitas mantidos como reféns. Sem isso, a resolução não está a ser cumprida, mas sim violada, e não pode exigir-se a Israel que se abstenha de mais acções militares. O risco de reacendimento do conflito agrava-se de dia para dia. Mas sosseguemos. Neste mimoso rincão da Europa à beira-mar plantado, não temos quaisquer razões para nos preocuparmos.
No rescaldo das acções militares, houve entretanto jornalistas que descreveram a maneira como o Hezbollah fazia trucagens para desinformação tendenciosa na imprensa internacional: por exemplo, colocando sapatos de criança ou brinquedos entre ruínas. Isto não tem a mínima importância. Não nos afecta uma perninha da Barbie implantada nos escombros nem um ursinho de peluche esquartejado, como testemunho da manipulação.
Como já se previa, os ministros dos Negócios Estrangeiros da União Europeia reuniram-se na passada sexta-feira. Discutiu-se o envio de uma força da ONU para o Líbano. Afinal, 15 mil capacetes-azuis, como queria a ONU, era de mais, e 150, como queria a França, era de menos. Chegou-se parvamente ao número de sete mil. E concluiu-se que os soldados iriam para lá jogar a bisca lambida nas horas de serviço e saltar ao eixo nas horas vagas. Assim, tudo continua pelo melhor, no melhor dos mundos possíveis.
A ameaça nuclear iraniana persiste. As manobras da diplomacia do Irão são verdadeiros passes de feira. Não é crível que o Irão prossiga com as suas instalações nucleares para usos pacíficos, nem se vê que um horizonte de sanções económicas possa desviá-lo dos seus propósitos de aniquilação de Israel. E ninguém pode prever as consequências de um conflito nuclear no Médio Oriente. Mas isto, verdadeiramente, passa muito, muito longe de nós.
Surgem um pouco por toda a parte sinais do terrorismo em aviões e comboios. Em poucos dias, foram desmontadas algumas ameaças, na Grã-Bretanha, na Alemanha, na Irlanda. Se não o tivessem sido, haveria hoje mais uns milhares de vítimas de morte violenta. E todos os dias há novos sobressaltos a bordo dos aviões. Mas não há razão para inquietações de maior. Não aconteceu nestas paragens.
A imigração maciça de africanos desesperados traz consigo os terríveis problemas de uma gigantesca tragédia humana, de par com as dificuldades de limitar o seu acolhimento e de o enquadrar legalmente. Vários países do Sul da Europa andam à procura de uma solução. Mas não é coisa que nos afecte especialmente.
O nosso país debate-se actualmente com inúmeros problemas que poderiam parecer muito graves: desde os projectos absurdos do Governo quanto ao aeroporto da Ota às dificuldades da nomeação do procurador-geral da República por consenso entre os dois maiores partidos, passando pela ineficácia do combate aos incêndios e pelos prejuízos consequentes, pela crise da agricultura e das pescas, pela crise crónica do ensino, por soluções para a Segurança Social, pelo agravamento sem nome quer da despesa pública, quer dos impostos, pela subida da taxa de juro e pelo aumento brutal do custo de vida, pela co-incineração nas cimenteiras, pela rápida reacção do presidente da Câmara de Coimbra à obstinação governamental, etc., etc. Mas, vendo bem as coisas, nenhuma dessas questões é de molde a fazer-nos perder o sono. Nós, portugueses, dormimos bem.
Eduardo Cintra Torres falou no acatamento pela RTP1 das instruções do Governo no tocante aos incêndios e na minimização das notícias correspondentes, quer em tempo de duração, quer no alinhamento dos serviços noticiosos. A RTP1 reagiu à insinuação, mui ciosa da sua independência jornalística. E assim, enquanto não se procede à comparação com os dados resultantes dos telejornais dos anos anteriores, também a propósito dos incêndios não há razão para sobressaltos.
A RTP1 decerto virá a proclamar com legítimo orgulho que não foi por obediência ao Governo que consagrou, na quinta-feira passada, os 16 primeiros minutos do Telejornal das 20.00 às dimensões transcendentais do caso Mantorras. De facto, nem o próprio Governo se lembraria disso, por muitas veleidades de interferência que tenha. E afinal esses 16 minutos não podem mudar o mundo. Só podem dar uma ideia daquilo que a RTP1 entende por serviço público de televisão.
Quand Jésus n'était qu'un prophète
Le Temps (Genève)
por Patricia Briel
La littérature apocryphe chrétienne nous réserve bien des surprises. Par exemple, on lui doit le tout premier roman jamais écrit dans le monde chrétien. Cette fiction, qui raconte l'histoire d'un certain Clément et sa rencontre avec l'apôtre Pierre, fait l'objet d'un colloque international qui réunit une quarantaine de chercheurs et commence aujourd'hui aux Universités de Lausanne et Genève. Appelé «Roman pseudo-clémentin» par la critique moderne, cette fiction a vraisemblablement trouvé sa forme définitive au cours de la première moitié du IVe siècle. Son intérêt est de présenter un judaïsme chrétien qui refusait la séparation entre les deux religions, et qui ne reconnaisait pas en Jésus le Christ ou le Fils de Dieu, mais le considérait comme le «vrai Prophète». Publié pour la première fois en français en 2005 dans le second volume de La Pléiade consacré aux écrits apocryphes chrétiens, ce roman au contenu pas toujours très orthodoxe, condamné par Eusèbe de Césarée, a pourtant connu une large diffusion en Occident.
«C'est un roman extrêmement important pour la connaissance du judéo-christianisme, dit Frédéric Amsler, l'un des organisateurs du colloque. Il montre qu'on pouvait être à la fois juif et chrétien au IVe siècle de notre ère. Il reflète les polémiques qui avaient cours à cette époque. Et il a traversé toute l'histoire du christianisme occidental. Michel Servet s'en est servi pour réfuter l'«Institution chrétienne» de Calvin.»
Le Roman pseudo-clémentin nous est parvenu sous deux formes, l'une grecque (les Homélies) et l'autre latine (les Reconnaissances). Les Reconnaissances sont la traduction d'un manuscrit grec aujourd'hui perdu. Les deux textes ont probablement été rédigés en Syrie septentrionale. Quoique très semblables, ils n'ont pas le même auteur. Cependant, ils sont issus d'une même source nommée Ecrit de base et datée du IIIe siècle. Les chercheurs ont pu l'identifier grâce aux passages communs aux deux versions. C'est ce premier ensemble littéraire qui permet de saisir ce qu'était le judéo-christianisme durant les premiers siècles de notre ère. Le texte qui nous est parvenu en latin, traduit par l'évêque Rufin d'Aquilée, présente, lui, quelques arrangements visant à le rendre religieusement correct. C'est sans doute pour cette raison qu'il a connu une importante postérité en Occident (plus de 100 manuscrits), alors qu'en Orient, la version des Homélies s'est limitée à deux copies grecques.
Le Roman pseudo-clémentin est une fiction auto-biographique. Un dénommé Clément y raconte ses aventures à la première personne. Ce personnage fait référence à la figure historique de Clément de Rome, un évêque qui fut probablement pape à la fin du Ier siècle. En quête de vérité, Clément rencontre l'apôtre Pierre, qui le convertit à la doctrine du vrai Prophète. La première partie du texte est constituée pour l'essentiel des enseignements de Pierre, fortement teintés d'ésotérisme. Il évoque notamment sa lutte contre le magicien Simon, qui se prend pour Dieu. La deuxième partie raconte l'histoire des retrouvailles de Clément avec les membres de sa famille, qu'il croyait disparus.
C'est dans la première partie que se trouvent les doctrines les plus hétérodoxes de ce roman. A quelques différences près, elles sont communes aux deux versions, et font donc partie de l'Ecrit de base judéo-chrétien. La doctrine la plus intéressante est celle du vrai Prophète. Ce dernier est d'abord Adam qui, traversant les âges, prend différents noms et formes: Abraham, Noé, Moïse, et Jésus, qui est la dernière manifestation du vrai Prophète. Lui seul connaît la vérité et peut la révéler. Il est chargé d'inculquer la Loi mosaïque en tant que connaissance véritable. Les apôtres n'ont pas pour mission de diffuser la Bonne nouvelle, mais de restaurer la religion primitive - le judaïsme - dans un monde d'où elle a été chassée par le paganisme. Selon le professeur Pierre Geoltrain, spécialiste du Roman pseudo-clémentin, il est possible que la doctrine du vrai Prophète, rejetée par l'Eglise, ait survécu en Orient au sein de quelques groupes chrétiens et inspiré par la suite l'islam. On découvre également dans les deux textes que le péché n'est pas entré dans le monde par celui d'Adam, mais par la faute d'anges qui se sont unis à des femmes. Les Homélies affirment que l'Ancien testament contient des mensonges. Tous les passages qui relativisent la perfection de Dieu ou lui attribuent des passions humaines sont ainsi considérés comme des erreurs. Dans les deux textes, l'apôtre Paul est décrit comme un ennemi. Les Homélies et les Reconnaissances présentent une étrange théorie sur la règle de la syzygie, une loi voulue par Dieu et qui organise toutes choses selon des paires opposées (la terre et le ciel, la nuit et le jour, le féminin et le masculin, etc.).
Comment expliquer la postérité occidentale d'un roman aussi hétérodoxe, même si la version latine s'est efforcée de le rendre plus catholique? Selon Frédéric Amsler, ce succès serait dû au fait que dans le roman, Pierre établit Clément comme son successeur à la tête de l'Eglise de Rome, légitimant ainsi la papauté. Une telle aubaine valait bien quelques compromissions avec les hérésies du roman...
«Le Roman pseudo-clémentin», 30 août-2 septembre, Universités de Lausanne et Genève. Rens. 021/692 2730. L'écrivain Etienne Barilier donnera une conférence publique sur le thème du colloque le jeudi 31 août à 20h15 à l'Université de Lausanne, BFSH 1, salle 273.
por Patricia Briel
La littérature apocryphe chrétienne nous réserve bien des surprises. Par exemple, on lui doit le tout premier roman jamais écrit dans le monde chrétien. Cette fiction, qui raconte l'histoire d'un certain Clément et sa rencontre avec l'apôtre Pierre, fait l'objet d'un colloque international qui réunit une quarantaine de chercheurs et commence aujourd'hui aux Universités de Lausanne et Genève. Appelé «Roman pseudo-clémentin» par la critique moderne, cette fiction a vraisemblablement trouvé sa forme définitive au cours de la première moitié du IVe siècle. Son intérêt est de présenter un judaïsme chrétien qui refusait la séparation entre les deux religions, et qui ne reconnaisait pas en Jésus le Christ ou le Fils de Dieu, mais le considérait comme le «vrai Prophète». Publié pour la première fois en français en 2005 dans le second volume de La Pléiade consacré aux écrits apocryphes chrétiens, ce roman au contenu pas toujours très orthodoxe, condamné par Eusèbe de Césarée, a pourtant connu une large diffusion en Occident.
«C'est un roman extrêmement important pour la connaissance du judéo-christianisme, dit Frédéric Amsler, l'un des organisateurs du colloque. Il montre qu'on pouvait être à la fois juif et chrétien au IVe siècle de notre ère. Il reflète les polémiques qui avaient cours à cette époque. Et il a traversé toute l'histoire du christianisme occidental. Michel Servet s'en est servi pour réfuter l'«Institution chrétienne» de Calvin.»
Le Roman pseudo-clémentin nous est parvenu sous deux formes, l'une grecque (les Homélies) et l'autre latine (les Reconnaissances). Les Reconnaissances sont la traduction d'un manuscrit grec aujourd'hui perdu. Les deux textes ont probablement été rédigés en Syrie septentrionale. Quoique très semblables, ils n'ont pas le même auteur. Cependant, ils sont issus d'une même source nommée Ecrit de base et datée du IIIe siècle. Les chercheurs ont pu l'identifier grâce aux passages communs aux deux versions. C'est ce premier ensemble littéraire qui permet de saisir ce qu'était le judéo-christianisme durant les premiers siècles de notre ère. Le texte qui nous est parvenu en latin, traduit par l'évêque Rufin d'Aquilée, présente, lui, quelques arrangements visant à le rendre religieusement correct. C'est sans doute pour cette raison qu'il a connu une importante postérité en Occident (plus de 100 manuscrits), alors qu'en Orient, la version des Homélies s'est limitée à deux copies grecques.
Le Roman pseudo-clémentin est une fiction auto-biographique. Un dénommé Clément y raconte ses aventures à la première personne. Ce personnage fait référence à la figure historique de Clément de Rome, un évêque qui fut probablement pape à la fin du Ier siècle. En quête de vérité, Clément rencontre l'apôtre Pierre, qui le convertit à la doctrine du vrai Prophète. La première partie du texte est constituée pour l'essentiel des enseignements de Pierre, fortement teintés d'ésotérisme. Il évoque notamment sa lutte contre le magicien Simon, qui se prend pour Dieu. La deuxième partie raconte l'histoire des retrouvailles de Clément avec les membres de sa famille, qu'il croyait disparus.
C'est dans la première partie que se trouvent les doctrines les plus hétérodoxes de ce roman. A quelques différences près, elles sont communes aux deux versions, et font donc partie de l'Ecrit de base judéo-chrétien. La doctrine la plus intéressante est celle du vrai Prophète. Ce dernier est d'abord Adam qui, traversant les âges, prend différents noms et formes: Abraham, Noé, Moïse, et Jésus, qui est la dernière manifestation du vrai Prophète. Lui seul connaît la vérité et peut la révéler. Il est chargé d'inculquer la Loi mosaïque en tant que connaissance véritable. Les apôtres n'ont pas pour mission de diffuser la Bonne nouvelle, mais de restaurer la religion primitive - le judaïsme - dans un monde d'où elle a été chassée par le paganisme. Selon le professeur Pierre Geoltrain, spécialiste du Roman pseudo-clémentin, il est possible que la doctrine du vrai Prophète, rejetée par l'Eglise, ait survécu en Orient au sein de quelques groupes chrétiens et inspiré par la suite l'islam. On découvre également dans les deux textes que le péché n'est pas entré dans le monde par celui d'Adam, mais par la faute d'anges qui se sont unis à des femmes. Les Homélies affirment que l'Ancien testament contient des mensonges. Tous les passages qui relativisent la perfection de Dieu ou lui attribuent des passions humaines sont ainsi considérés comme des erreurs. Dans les deux textes, l'apôtre Paul est décrit comme un ennemi. Les Homélies et les Reconnaissances présentent une étrange théorie sur la règle de la syzygie, une loi voulue par Dieu et qui organise toutes choses selon des paires opposées (la terre et le ciel, la nuit et le jour, le féminin et le masculin, etc.).
Comment expliquer la postérité occidentale d'un roman aussi hétérodoxe, même si la version latine s'est efforcée de le rendre plus catholique? Selon Frédéric Amsler, ce succès serait dû au fait que dans le roman, Pierre établit Clément comme son successeur à la tête de l'Eglise de Rome, légitimant ainsi la papauté. Une telle aubaine valait bien quelques compromissions avec les hérésies du roman...
«Le Roman pseudo-clémentin», 30 août-2 septembre, Universités de Lausanne et Genève. Rens. 021/692 2730. L'écrivain Etienne Barilier donnera une conférence publique sur le thème du colloque le jeudi 31 août à 20h15 à l'Université de Lausanne, BFSH 1, salle 273.
segunda-feira, agosto 28, 2006
Índice de hoje
- Adiós a gafas y lentillas (El Pais, Madrid)
- Un serpent pour dompter l'énergie des vagues (Le Figaro, Paris)
- L'or est une assurance et un très bon placement (Le Temps, Genève)
- L'or devrait fortement s'apprécier, mais pas dans l'immédiat (Le Temps, Genève)
- L'inquiétant déclin des sciences exactes (Le Temps, Genève)
- Un serpent pour dompter l'énergie des vagues (Le Figaro, Paris)
- L'or est une assurance et un très bon placement (Le Temps, Genève)
- L'or devrait fortement s'apprécier, mais pas dans l'immédiat (Le Temps, Genève)
- L'inquiétant déclin des sciences exactes (Le Temps, Genève)
Adiós a gafas y lentillas
El Pais (Madrid)
por JAIME CORDERO
Un pequeño corte y una aplicación de láser que rara vez llega a durar un minuto son suficientes para corregir defectos visuales que se han llevado de por vida. La simplicidad de la intervención (el tiempo el quirófano no pasa de media hora) y la significativa rebaja en su precio ya han convencido a casi 600.000 españoles de la conveniencia de quitarse las gafas o lentillas para siempre, sometiéndose a cirugías de corrección visual por láser, llamada Lasik.
Cada año se operan unos 200.000 ojos para corregir defectos refractivos, como la miopía, hipermetropía y astigmatismo, de acuerdo con Juan Murube, presidente de la Sociedad Española de Oftalmología. Es decir, unas 100.000 personas. El número de cirugías crece de manera lenta pero sostenida. En 2003 fueron 210.000 los ojos operados; en 2004, 220.000 y en 2005, 231.000. En total, se han operado hasta el momento 1,2 millones de ojos desde que se introdujo esta técnica, según el Instituto Oftalmológico Europeo, también conocido como Clínica Baviera, que tiene una red de 26 clínicas oftalmológicas en España.
El interés es creciente por dos razones: la sencillez del procedimiento y la significativa reducción de su precio. Ya no es necesario llevar parches en el ojo después de la intervención y el postoperatorio consiste únicamente en la aplicación de colirios. Además, las operaciones han bajado de precio un 60% en los últimos cinco años. Actualmente, su coste oscila entre 1.000 y 1.500 euros por ojo. "Cada día atiendo un promedio de 30 pacientes, de ellos unos 10 están interesados en operarse", cuenta Miguel Calvo, oftalmólogo de la Clínica Baviera en Madrid. "Muchos", agrega, "llegan recomendados por amigos o familiares". El mercado potencial para estas operaciones es enorme, porque se estima que uno de cada tres españoles tiene algún defecto visual que lo obliga a usar gafas o lentillas.
La técnica Lasik sigue siendo la más utilizada en este tipo de operaciones, pero los adelantos técnicos en este campo llegan tan rápido que ya existen -y están disponibles en España- técnicas más avanzadas, como el uso de aberrómetro, que permite detectar las aberraciones visuales en cada ojo, las mismas que luego pueden ser corregidas con el láser. "Es posible hacer tratamiento personalizados, a partir del estudio pormenorizado de cada ojo", señala el doctor Calvo. "De esta manera, se consigue no inducir aberraciones y consumir menos tejido de la córnea".
La cirugía Lasik consiste en usar el láser para esculpir la córnea y darle una forma que permita la correcta proyección de las imágenes en la retina. Para ello, primero se corta y levanta una fina capa de tejido corneal. El láser actúa sobre las capas intermedias de la córnea. Finalmente, la parte de tejido levantada se devuelve a su sitio. Veinte minutos después de la operación, el paciente puede abandonar la clínica.
Selección de pacientes
No todas las personas son aptas para someterse a esta cirugía. "Los pacientes ideales son los que ya han pasado los 20 años, y en los que se haya comprobado que en el último año no han tenido un aumento de su defecto refractivo. Aparte de ello, las córneas necesitan tener unas medidas mínimas de grosor para que la ablación con láser no las deje demasiado finas", dice el doctor Murube. La corrección tiene límites: arriba de 12 dioptrías de miopía, cinco de hipermetropía o seis de astigmatismo el procedimiento no es recomendable. Otro límite lo marca el grosor de la cornea. Murube explica que cada dioptría de miopía que se corrige demanda que el láser elimine, en promedio, unas 10 micras de córnea. Es necesario que el paciente tenga una córnea suficientemente gruesa para que después de la intervención le quede una capa de tejido indemne de por lo menos 250 micras. Según Miguel Calvo, uno de cada cinco aspirantes a la operación no cumple con las condiciones y es descartado.
La comodidad y la estética son, con diferencia, las principales motivaciones que llevan a la gente a someterse a este tratamiento. Según Clínica Baviera, sólo un 12% de las personas que se operan afirma que su decisión se debe a condicionantes médicos o a necesidades de tipo laboral. La edad de los interesados también está aumentando. Hace unos años, la mayoría de las personas que se operaban eran menores de 25 años. Ahora, según la clínica oftalmológica Lasik Center, el rango de edades va desde los 21 hasta los 55 años, y un 60% de las personas que se operan son mujeres.
Se prevé que esta técnica sea cada vez más popular y el número de cirugías crezca en aproximadamente 10% cada año. Si esto se cumple, para fines de 2007, la penetración de la cirugía láser en España llegaría a afectar a un 12,4% de la población con defectos visuales. Es decir, uno de cada ocho españoles con miopía, hipermetropía o astigmatismo habría dicho adiós a sus gafas o lentillas.
por JAIME CORDERO
Un pequeño corte y una aplicación de láser que rara vez llega a durar un minuto son suficientes para corregir defectos visuales que se han llevado de por vida. La simplicidad de la intervención (el tiempo el quirófano no pasa de media hora) y la significativa rebaja en su precio ya han convencido a casi 600.000 españoles de la conveniencia de quitarse las gafas o lentillas para siempre, sometiéndose a cirugías de corrección visual por láser, llamada Lasik.
Cada año se operan unos 200.000 ojos para corregir defectos refractivos, como la miopía, hipermetropía y astigmatismo, de acuerdo con Juan Murube, presidente de la Sociedad Española de Oftalmología. Es decir, unas 100.000 personas. El número de cirugías crece de manera lenta pero sostenida. En 2003 fueron 210.000 los ojos operados; en 2004, 220.000 y en 2005, 231.000. En total, se han operado hasta el momento 1,2 millones de ojos desde que se introdujo esta técnica, según el Instituto Oftalmológico Europeo, también conocido como Clínica Baviera, que tiene una red de 26 clínicas oftalmológicas en España.
El interés es creciente por dos razones: la sencillez del procedimiento y la significativa reducción de su precio. Ya no es necesario llevar parches en el ojo después de la intervención y el postoperatorio consiste únicamente en la aplicación de colirios. Además, las operaciones han bajado de precio un 60% en los últimos cinco años. Actualmente, su coste oscila entre 1.000 y 1.500 euros por ojo. "Cada día atiendo un promedio de 30 pacientes, de ellos unos 10 están interesados en operarse", cuenta Miguel Calvo, oftalmólogo de la Clínica Baviera en Madrid. "Muchos", agrega, "llegan recomendados por amigos o familiares". El mercado potencial para estas operaciones es enorme, porque se estima que uno de cada tres españoles tiene algún defecto visual que lo obliga a usar gafas o lentillas.
La técnica Lasik sigue siendo la más utilizada en este tipo de operaciones, pero los adelantos técnicos en este campo llegan tan rápido que ya existen -y están disponibles en España- técnicas más avanzadas, como el uso de aberrómetro, que permite detectar las aberraciones visuales en cada ojo, las mismas que luego pueden ser corregidas con el láser. "Es posible hacer tratamiento personalizados, a partir del estudio pormenorizado de cada ojo", señala el doctor Calvo. "De esta manera, se consigue no inducir aberraciones y consumir menos tejido de la córnea".
La cirugía Lasik consiste en usar el láser para esculpir la córnea y darle una forma que permita la correcta proyección de las imágenes en la retina. Para ello, primero se corta y levanta una fina capa de tejido corneal. El láser actúa sobre las capas intermedias de la córnea. Finalmente, la parte de tejido levantada se devuelve a su sitio. Veinte minutos después de la operación, el paciente puede abandonar la clínica.
Selección de pacientes
No todas las personas son aptas para someterse a esta cirugía. "Los pacientes ideales son los que ya han pasado los 20 años, y en los que se haya comprobado que en el último año no han tenido un aumento de su defecto refractivo. Aparte de ello, las córneas necesitan tener unas medidas mínimas de grosor para que la ablación con láser no las deje demasiado finas", dice el doctor Murube. La corrección tiene límites: arriba de 12 dioptrías de miopía, cinco de hipermetropía o seis de astigmatismo el procedimiento no es recomendable. Otro límite lo marca el grosor de la cornea. Murube explica que cada dioptría de miopía que se corrige demanda que el láser elimine, en promedio, unas 10 micras de córnea. Es necesario que el paciente tenga una córnea suficientemente gruesa para que después de la intervención le quede una capa de tejido indemne de por lo menos 250 micras. Según Miguel Calvo, uno de cada cinco aspirantes a la operación no cumple con las condiciones y es descartado.
La comodidad y la estética son, con diferencia, las principales motivaciones que llevan a la gente a someterse a este tratamiento. Según Clínica Baviera, sólo un 12% de las personas que se operan afirma que su decisión se debe a condicionantes médicos o a necesidades de tipo laboral. La edad de los interesados también está aumentando. Hace unos años, la mayoría de las personas que se operaban eran menores de 25 años. Ahora, según la clínica oftalmológica Lasik Center, el rango de edades va desde los 21 hasta los 55 años, y un 60% de las personas que se operan son mujeres.
Se prevé que esta técnica sea cada vez más popular y el número de cirugías crezca en aproximadamente 10% cada año. Si esto se cumple, para fines de 2007, la penetración de la cirugía láser en España llegaría a afectar a un 12,4% de la población con defectos visuales. Es decir, uno de cada ocho españoles con miopía, hipermetropía o astigmatismo habría dicho adiós a sus gafas o lentillas.
Un serpent pour dompter l'énergie des vagues
Le Figaro (Paris)
por Caroline de Malet
Une première ferme captant l'énergie des vagues devrait débuter sa production au Portugal. D'autres projets de ce type sont en préparation dans le monde.
Un long serpent rouge frétille dans les vagues. Sous le soleil estival, ce n'est pas le fruit d'une hallucination. Il est bien réel. Cent soixante-dix mètres de long ornés d'une tête fuselée, décomposés en quatre cylindres distincts et trois joints entre chaque. Le nom de ce monstre marin ? Pelamis, en référence au monstre marin de la mythologie grecque. Mais celui-ci ne devrait ni jouer les monstres du Loch Ness ni promener des touristes, mais capter l'énergie des vagues. En octobre prochain, son premier exemplaire devrait ainsi commencer à produire de l'électricité au large des côtes portugaises, face au petit village d'Aguçadoura, au nord de Porto.
Pour l'instant, cet exemplaire est à quai à Peniche, un des plus grands ports du pays, au nord de Lisbonne, ainsi que deux autres, encore en cours d'assemblage. Entre deux navires, les équipes de la Compania Energia Oceanica s'affairent autour des trois serpents de mer. Le projet a pris un peu de retard mais la toute première ferme houlomotrice au monde va bientôt voir le jour ici, avec trois machines.
Pelamis est né à l'instigation de la compagnie écossaise Ocean Power Delivery (OPD), à l'origine de ce concept. Ce projet, développé pour son client le producteur portugais d'énergies renouvelables Enersis, sera sa première réalisation concrète à grande échelle. Pour Richard Yemm, son inventeur, qui préside OPD, c'est le fruit de huit années de travail. Entre-temps, cinq maquettes, à différentes échelles (du 1/80 au 1/7) ont été construites et testées. Un prototype a fait ses preuves en mer du Nord, à Orkney, dans le nord de l'Écosse.
Amarré à cinquante mètres de profondeur
C'est un véritable serpent de mer, qui sera installé à 5,5 kilomètres des côtes. Articulé en quatre parties cylindriques, de vingt à quarante mètres chacune, il se dandine face aux vagues, grâce à la souplesse que lui confèrent les trois joints. Amarré à 50 mètres de profondeur par deux câbles en fibre optique à l'avant et à l'arrière, chacun de ses joints est équipé de quatre rames, qui ondulent aussi bien à l'horizontale qu'à la verticale, pompant ainsi l'énergie de la houle et envoyant de l'huile dans des accumulateurs sous pression. L'huile qui ressort des accumulateurs fait tourner le moteur hydraulique qui entraîne un alternateur, lequel produit du courant. C'est un câble en fibre optique sous-marin qui transmet celui-ci à la station de contrôle située sur la plage.
La station commande la machine. «Nous pouvons la faire remuer davantage dans les petites vagues pour maximiser l'énergie et, à l'inverse, limiter ses mouvements dans les grosses pour limiter les risques de casse», explique Martin Shaw, responsable de ce projet chez OPD.
Car s'il existe une vingtaine de concepts différents d'énergie houlomotrice en cours d'expérimentation dans le monde, aucun n'est encore opérationnel à ce jour, tant la casse est fréquente. C'est notamment le cas du projet hollandais d'AWS qui, après avoir été testé à Aguçadoura pour Enersis, a obligé ses concepteurs à se rendre à l'évidence : sa machine a encore besoin d'être améliorée.
Chaque machine produit 750 kW, soit 2,25 MW pour les trois premiers Pelamis qui verront le jour. Pas de quoi alimenter plus de 2 000 personnes, soit environ la consommation électrique d'Aguçadoura. Mais «à terme, nos fermes houlomotrices sont prévues pour fonction- ner avec 40 machines et pro- duire 30 MW, pour alimenter 20 000 foyers», ambitionne le responsable de projet.
Trois fois plus cher que l'éolien
Cette première réalisation concrète, qui représente un contrat de 8,5 millions d'euros pour OPD, est encouragée par le tarif de rachat instauré par le gouvernement portugais (24,5 centimes d'euros le kWh). Car aujourd'hui, l'énergie houlomotrice est encore au moins trois fois plus chère que l'éolien. Et il faudra attendre une dizaine d'années avant que leur rentabilité soit comparable. «De 22 centimes d'euros aujourd'hui, nous espérons faire chuter le coût de production à 10 centimes le kilowattheure, lorsque nous aurons une centaine de mégawatts de capacité de production installée», confie Martin Shaw.
Les Portugais ont déjà largement misé sur les énergies renouvelables. On le comprend rien qu'en suivant du regard les éoliennes qui jalonnent la côte, une capacité installée de 1 350 MW dans le pays, et au moins autant dans les cartons. «Dans vingt ans, nous risquons d'avoir exploité le potentiel de l'éolien au maximum, il nous faut donc prévoir le long terme», explique un observateur portugais. Or, avec un potentiel d'énergie houlomotrice de 33 à 46 kW par mètre de côtes, le pays fait partie des meilleurs sites européens, d'autant que les vagues y sont particulièrement longues.
Dans le reste du monde, ce sont généralement les côtes est les mieux exposées, à l'exception des zones équatoriales : Nouvelle-Calédonie, Canada, Afrique du Sud... Le marché européen de l'énergie houlomotrice est évalué à 40 milliards de livres et le marché mondial à dix fois plus au bas mot. «Les Américains n'étant pas en pointe sur ce créneau, il y a une place à prendre pour l'Europe», considère Alain Clément, inventeur du projet concurrent Searev (lire ci-dessous).
Reste à savoir quel sera l'accueil du public à cette énergie du futur. Les surfeurs ne la voient pas d'un mauvais oeil, dans la mesure où les machines seront installées loin de la grève. L'Association des armateurs de pêche du nord du Portugal n'aurait pas fait montre d'hostilité, car il n'est pas coutume de pêcher entre 3 et 12 miles marins.
En revanche, les navigateurs réclament une claire signalisation des sites, afin d'éviter les risques de collision. Quant aux organisations de défense de l'environnement, elles feront partie de la commission de suivi du projet au Portugal. Pour l'instant, les principaux obstacles à son développement sont donc davantage technologiques et financiers. Le lancement de Pelamis sera donc suivi avec beaucoup d'attention.
por Caroline de Malet
Une première ferme captant l'énergie des vagues devrait débuter sa production au Portugal. D'autres projets de ce type sont en préparation dans le monde.
Un long serpent rouge frétille dans les vagues. Sous le soleil estival, ce n'est pas le fruit d'une hallucination. Il est bien réel. Cent soixante-dix mètres de long ornés d'une tête fuselée, décomposés en quatre cylindres distincts et trois joints entre chaque. Le nom de ce monstre marin ? Pelamis, en référence au monstre marin de la mythologie grecque. Mais celui-ci ne devrait ni jouer les monstres du Loch Ness ni promener des touristes, mais capter l'énergie des vagues. En octobre prochain, son premier exemplaire devrait ainsi commencer à produire de l'électricité au large des côtes portugaises, face au petit village d'Aguçadoura, au nord de Porto.
Pour l'instant, cet exemplaire est à quai à Peniche, un des plus grands ports du pays, au nord de Lisbonne, ainsi que deux autres, encore en cours d'assemblage. Entre deux navires, les équipes de la Compania Energia Oceanica s'affairent autour des trois serpents de mer. Le projet a pris un peu de retard mais la toute première ferme houlomotrice au monde va bientôt voir le jour ici, avec trois machines.
Pelamis est né à l'instigation de la compagnie écossaise Ocean Power Delivery (OPD), à l'origine de ce concept. Ce projet, développé pour son client le producteur portugais d'énergies renouvelables Enersis, sera sa première réalisation concrète à grande échelle. Pour Richard Yemm, son inventeur, qui préside OPD, c'est le fruit de huit années de travail. Entre-temps, cinq maquettes, à différentes échelles (du 1/80 au 1/7) ont été construites et testées. Un prototype a fait ses preuves en mer du Nord, à Orkney, dans le nord de l'Écosse.
Amarré à cinquante mètres de profondeur
C'est un véritable serpent de mer, qui sera installé à 5,5 kilomètres des côtes. Articulé en quatre parties cylindriques, de vingt à quarante mètres chacune, il se dandine face aux vagues, grâce à la souplesse que lui confèrent les trois joints. Amarré à 50 mètres de profondeur par deux câbles en fibre optique à l'avant et à l'arrière, chacun de ses joints est équipé de quatre rames, qui ondulent aussi bien à l'horizontale qu'à la verticale, pompant ainsi l'énergie de la houle et envoyant de l'huile dans des accumulateurs sous pression. L'huile qui ressort des accumulateurs fait tourner le moteur hydraulique qui entraîne un alternateur, lequel produit du courant. C'est un câble en fibre optique sous-marin qui transmet celui-ci à la station de contrôle située sur la plage.
La station commande la machine. «Nous pouvons la faire remuer davantage dans les petites vagues pour maximiser l'énergie et, à l'inverse, limiter ses mouvements dans les grosses pour limiter les risques de casse», explique Martin Shaw, responsable de ce projet chez OPD.
Car s'il existe une vingtaine de concepts différents d'énergie houlomotrice en cours d'expérimentation dans le monde, aucun n'est encore opérationnel à ce jour, tant la casse est fréquente. C'est notamment le cas du projet hollandais d'AWS qui, après avoir été testé à Aguçadoura pour Enersis, a obligé ses concepteurs à se rendre à l'évidence : sa machine a encore besoin d'être améliorée.
Chaque machine produit 750 kW, soit 2,25 MW pour les trois premiers Pelamis qui verront le jour. Pas de quoi alimenter plus de 2 000 personnes, soit environ la consommation électrique d'Aguçadoura. Mais «à terme, nos fermes houlomotrices sont prévues pour fonction- ner avec 40 machines et pro- duire 30 MW, pour alimenter 20 000 foyers», ambitionne le responsable de projet.
Trois fois plus cher que l'éolien
Cette première réalisation concrète, qui représente un contrat de 8,5 millions d'euros pour OPD, est encouragée par le tarif de rachat instauré par le gouvernement portugais (24,5 centimes d'euros le kWh). Car aujourd'hui, l'énergie houlomotrice est encore au moins trois fois plus chère que l'éolien. Et il faudra attendre une dizaine d'années avant que leur rentabilité soit comparable. «De 22 centimes d'euros aujourd'hui, nous espérons faire chuter le coût de production à 10 centimes le kilowattheure, lorsque nous aurons une centaine de mégawatts de capacité de production installée», confie Martin Shaw.
Les Portugais ont déjà largement misé sur les énergies renouvelables. On le comprend rien qu'en suivant du regard les éoliennes qui jalonnent la côte, une capacité installée de 1 350 MW dans le pays, et au moins autant dans les cartons. «Dans vingt ans, nous risquons d'avoir exploité le potentiel de l'éolien au maximum, il nous faut donc prévoir le long terme», explique un observateur portugais. Or, avec un potentiel d'énergie houlomotrice de 33 à 46 kW par mètre de côtes, le pays fait partie des meilleurs sites européens, d'autant que les vagues y sont particulièrement longues.
Dans le reste du monde, ce sont généralement les côtes est les mieux exposées, à l'exception des zones équatoriales : Nouvelle-Calédonie, Canada, Afrique du Sud... Le marché européen de l'énergie houlomotrice est évalué à 40 milliards de livres et le marché mondial à dix fois plus au bas mot. «Les Américains n'étant pas en pointe sur ce créneau, il y a une place à prendre pour l'Europe», considère Alain Clément, inventeur du projet concurrent Searev (lire ci-dessous).
Reste à savoir quel sera l'accueil du public à cette énergie du futur. Les surfeurs ne la voient pas d'un mauvais oeil, dans la mesure où les machines seront installées loin de la grève. L'Association des armateurs de pêche du nord du Portugal n'aurait pas fait montre d'hostilité, car il n'est pas coutume de pêcher entre 3 et 12 miles marins.
En revanche, les navigateurs réclament une claire signalisation des sites, afin d'éviter les risques de collision. Quant aux organisations de défense de l'environnement, elles feront partie de la commission de suivi du projet au Portugal. Pour l'instant, les principaux obstacles à son développement sont donc davantage technologiques et financiers. Le lancement de Pelamis sera donc suivi avec beaucoup d'attention.
L'or est une assurance et un très bon placement
Le Temps (Genève)
por Hanspeter Wohlwend, Responsable «Méthode de placement & Gestion de fortune», Wegelin & Co. Banquiers Privés
L'or a-t-il sa place dans la gestion de fortune moderne? Le système financier international a subi une profonde mutation. Les instruments dérivés permettent de transférer les risques à ceux qui sont les mieux à même de les supporter. Les caisses de pension par exemple, assument sous la forme de titres, des risques de crédit qui étaient auparavant concentrés dans les bilans des banques. Ce progrès est comparable à l'invention et à l'introduction du rétroviseur qui a en effet rendu le trafic automobile plus sûr; mais cet accessoire a également accéléré le trafic. Une vitesse accrue entraîne-t-elle obligatoirement une augmentation du risque systémique? Dans le passé, les marchés financiers ont réussi à surmonter des situations de crise majeure. Et pourtant, on ne saurait exclure l'éventualité d'une crise systémique. L'or physique ne comporte aucun risque de crédit, engendre des frais de dépôt négligeables grâce à son intéressant rapport valeur/poids et jouit d'une grande liquidité. Par ailleurs, dans le pire des scénarios, il offrirait une protection contre l'inflation et aurait toutes les chances de s'apprécier sensiblement. C'est donc une assurance contre les risques systémiques. Au cours des cent dernières années, actions et obligations ont vu leur valeur augmenter davantage que l'or. Mais sur certaines périodes, le métal jaune a généré des rendements supérieurs (années 1930 et 1970). Et depuis quatre ans, le prix de l'or est en hausse. Un changement de régime? Si l'on met en regard le cours de l'or et l'évolution du S & P 500, on observe que le rapport entre les deux affiche effectivement une progression depuis 2001. Même la moyenne lissée sur les 80 dernières années signale un retournement de tendance en faveur de l'or. Quant à la corrélation vis-à-vis des autres classes d'actifs, elle est négative, d'où un effet stabilisateur. L'or s'avère un placement incontournable.
por Hanspeter Wohlwend, Responsable «Méthode de placement & Gestion de fortune», Wegelin & Co. Banquiers Privés
L'or a-t-il sa place dans la gestion de fortune moderne? Le système financier international a subi une profonde mutation. Les instruments dérivés permettent de transférer les risques à ceux qui sont les mieux à même de les supporter. Les caisses de pension par exemple, assument sous la forme de titres, des risques de crédit qui étaient auparavant concentrés dans les bilans des banques. Ce progrès est comparable à l'invention et à l'introduction du rétroviseur qui a en effet rendu le trafic automobile plus sûr; mais cet accessoire a également accéléré le trafic. Une vitesse accrue entraîne-t-elle obligatoirement une augmentation du risque systémique? Dans le passé, les marchés financiers ont réussi à surmonter des situations de crise majeure. Et pourtant, on ne saurait exclure l'éventualité d'une crise systémique. L'or physique ne comporte aucun risque de crédit, engendre des frais de dépôt négligeables grâce à son intéressant rapport valeur/poids et jouit d'une grande liquidité. Par ailleurs, dans le pire des scénarios, il offrirait une protection contre l'inflation et aurait toutes les chances de s'apprécier sensiblement. C'est donc une assurance contre les risques systémiques. Au cours des cent dernières années, actions et obligations ont vu leur valeur augmenter davantage que l'or. Mais sur certaines périodes, le métal jaune a généré des rendements supérieurs (années 1930 et 1970). Et depuis quatre ans, le prix de l'or est en hausse. Un changement de régime? Si l'on met en regard le cours de l'or et l'évolution du S & P 500, on observe que le rapport entre les deux affiche effectivement une progression depuis 2001. Même la moyenne lissée sur les 80 dernières années signale un retournement de tendance en faveur de l'or. Quant à la corrélation vis-à-vis des autres classes d'actifs, elle est négative, d'où un effet stabilisateur. L'or s'avère un placement incontournable.
L'or devrait fortement s'apprécier, mais pas dans l'immédiat
Le Temps (Genève)
METAUX PRECIEUX. Certains experts osent parler d'un prix supérieur à 1000 dollars l'once.
por Emmanuel Garessus
Les experts sont circonspects. La tradition veut que le métal jaune soit au plus bas de l'année entre la fin d'août et le début de septembre, juste avant la saison des mariages en Inde, quand la demande de bijoux s'accélère. Pourtant l'or, qui a touché en mai son plus haut niveau depuis 26 ans, à 730 dollars l'once, n'est guère descendu de ses hauteurs printanières. Faut-il tout de même l'acheter maintenant? La complexité du problème dépasse le seul facteur saisonnier. Elle intègre aussi le comportement des banques centrales. Une partie d'entre elles, dont la Suisse et la Banque centrale européenne, ont signé l'accord de Washington pour déterminer le maximum d'or qu'elles s'autorisent à vendre pour ne pas perturber le marché. Signé d'abord en 1999 pour une durée de cinq ans et renouvelé en 2004, il fixe un montant maximum pour chaque année, laquelle échoit le 26 septembre. Or cette année les autorités d'émission se sont séparées de 160 tonnes de moins que leur objectif annuel qui est de 500 tonnes, selon le World Gold Council. Vendront-elles le solde d'ici là?
Une réponse positive à cette question perturberait les espoirs de hausse. Par contre, leur réticence à vendre enverrait un signal éminemment positif. Les montants non vendus ne peuvent être compensés l'année suivante. Toujours est-il qu'au deuxième trimestre, les ventes officielles de la part des banques centrales ont diminué de 63% sur base annuelle. Non seulement les ventes des banques occidentales sont de plus en plus éparses, mais on prête aux banques asiatiques l'intention de diversifier leurs réserves hors du dollar. Chaque signe de leurs intentions, aussi prosaïques soient-ils, est l'objet de vastes débats.
Pendant ce temps, les achats pour la bijouterie, certes à un nouveau record, semblent souffrir des fortes fluctuations de prix. Mais c'est l'énergique demande d'investissement qui détermine le prix. Et celle-ci a pris l'ascenseur. Selon la BNS, l'investissement net a excédé 700 tonnes l'an dernier. L'instrument populaire du moment pour les investisseurs, les fonds indiciels ETF, représentait l'équivalent de 20 tonnes en 2003. Ils dépassent 500 tonnes aujourd'hui.
Le recul saisonnier du prix pourrait conduire le métal à 600 dollars l'once, voire à 580, selon Robert Chardon, cogérant d'un fonds sur l'or pour Lombard Odier Darier Hentsch, à Genève. Dans le pire des cas, il redescendra à 500 dollars, mais l'once devrait partir à la hausse avant la fin de 2006. Le cours sera notamment soutenu par la fin de la hausse des taux américains et les conséquences négatives pour le dollar qui en résultent, selon l'expert genevois. Car la monnaie américaine et l'or évoluent en sens inverse.
Pour la même raison de corrélation inverse avec le dollar, Lionel Motière, directeur de Diapason, à Lausanne, anticipe un scénario différent. Logique, puisque ce dernier pense que les taux d'intérêt pourraient continuer à augmenter aux Etats-Unis. En outre, dans une opinion qui le place en opposition avec le consensus actuel, il voit le dollar s'apprécier: «Qui aurait intérêt aujourd'hui à une baisse du billet vert?» L'or baissera donc à court terme et jusqu'à la fin du premier trimestre 2007. Mais l'expert est très haussier à moyen et long terme: «L'or grimpera à 1000 dollars l'once au minimum.» Moins en réponse à d'éventuels risques géostratégiques, qui soutiennent plutôt le dollar, qu'à la hausse de l'inflation. Car au-delà des incertitudes à court terme, l'or fluctuera en fonction de l'évolution des prix.
Déflation? Inflation? Dans les deux cas, l'or serait l'actif qu'il faudrait se précipiter d'accumuler. Aujourd'hui les marchés financiers semblent plutôt penser que la stabilité des prix prévaudra, notamment après le dernier indice d'inflation américain. «Cette vision optimiste, pour les actions, les obligations et la conjoncture, est clairement la moins probable», affirme Marius Favre, conseiller pour Aria Ltd, à Genève. L'économiste anticipe à long terme un niveau de 45000 francs pour le kilo d'or.
Ben Bernanke, à la tête de la réserve fédérale américaine, a suffisamment répété sa hantise d'une déflation. Il serait prêt à jeter des billets de banque par hélicoptère. Ce qui lui vaut le surnom d'«Hélicoptère Ben». La Fed ne risquera donc pas un effondrement de la consommation. Le scénario inflationniste est plus probable, selon Marius Favre. Il est d'ailleurs bien enclenché. L'inflation américaine est maintenant à 4,1%. Et la tendance des prix hors énergie et alimentation (2,7%) tend à s'accélérer et à rattraper le taux nominal de l'inflation. L'économiste s'étonne: «Personne ne s'inquiète, pourtant dans les années 70, avec le franchissement de la barre des 3%, l'affolement a été tel aux Etats-Unis qu'on a pris les mesures draconiennes de taxes à l'importation. L'expérience montre que la stabilité des prix à un certain niveau est extrêmement difficile. L'expert genevois s'appuie sur les obligations indexées à l'inflation pour montrer que les marchés financiers sous-estiment la hausse des prix. Sur cette base, les marchés anticipent environ 2,5% d'inflation. C'est bien en dessous de la réalité future, à son avis. Lionel Motière appuie ce raisonnement: «La tendance sur trois mois de l'indice des prix américain (CPI) est la pire depuis janvier 1992. Sur six mois, elle est la pire depuis 1991 et le taux d'accélération semestriel est le pire depuis 1983.» L'or est le reflet des liquidités existantes, poursuit-il, et celles-ci sont en forte hausse. L'accès au crédit est très facile. Les achats d'immobilier sans apport d'argent sont à nouveau possibles, même pour les particuliers. Et les émissions d'obligations pour les entreprises (corporate bonds) sont en hausse de 17% sur un an. Par contre, les banques centrales ne sont pas déterminantes sur la tendance du métal jaune, à son avis.
Dans le passé, elles ont souvent vendu au mauvais moment. A long terme, elles devraient tendanciellement être vendeuses d'or, en raison des pressions sociales grandissantes. L'or est sous-évalué par rapport aux autres matières premières, poursuit Marius Favre. En trois ans, le cuivre s'est apprécié 4 fois plus vite que l'or. Les experts scrutent aussi le rapport entre le pétrole et l'or. Actuellement il est de 8,7 fois, mais en moyenne à long terme il est de 16 fois. L'argument utilisé pour justifier l'envol de ce ratio tient aux difficultés structurelles à découvrir de nouveaux champs miniers. Il peut être repris sans autres pour l'or. Il y a 25 ans, il fallait 1,5 tonne de gisement pour produire un gramme d'or. Aujourd'hui 4 à 5 tonnes sont nécessaires.
La faible part d'or en portefeuille sous-estime le besoin d'assurance
L'or répond aux désirs de préservation du capital, mais l'investisseur lui fait peu confiance. Faut-il l'intégrer dans la performance?
Emmanuel Garessus
Si l'or se sent des ailes depuis 4 ans, la proportion qu'il occupe dans les portefeuilles est toujours fragile. «La part de l'ensemble des matières premières dans le portefeuille modèle a été abaissée de 3 à 1% à la fin du premier trimestre et n'a pas ensuite été modifiée», selon Robert Chardon, cogérant d'un fonds sur l'or pour Lombard Odier Darier Hentsch, à Genève.
Lionel Motière, auprès de Diapason, à Lausanne, recommande une part sensiblement supérieure. «Au moins 5% d'or dans un portefeuille, sous forme physique de préférence, sinon en ETF ou en Futures, et entre 15 et 25% pour l'ensemble des matières premières». Cette préférence pour l'or physique répond au souci de couvrir les risques exceptionnels. Le handicap du transport est compensé par des avantages indiscutables en cas de crise. C'est aussi pourquoi l'expert en matières premières n'apprécie pas les ETF qui possèdent une clause de force majeure qui évite la livraison en cas exceptionnel. Car c'est justement à cette fin que l'on détient le métal jaune. Des créances envers un quelconque émetteur d'instruments basés sur l'or ne seraient pas d'un grand secours, selon la Banque Wegelin.
Auprès de Lombard Odier Darier Hentsch, on estime toutefois le moment mal choisi pour trop y investir: le fonds de matières premières (517 millions de francs de fortune) contient 12% d'or et autres métaux précieux, en ligne avec son indice de référence, selon Robert Chardon. Celui-ci cogère aussi le fonds World Gold Expertise. Ce fonds de placement en or et mines d'or privilégie les petites sociétés aurifères aux grandes compagnies, car ces dernières peinent à stimuler leur croissance. En outre, les petites compagnies réagissent plus que proportionnellement à la hausse de l'or, mais sont également plus sensibles à des catalystes spécifiques, ce qui permet de diversifier le risque.
Mais faut-il penser au métal jaune en termes de performance? Konrad Hummler, associé de Wegelin & Co, propose de placer 5% en or à des fins de préservation du capital et de ne pas l'intégrer dans l'analyse de la performance. «Nous ne pouvons négliger l'éventualité aussi dangereuse qu'improbable d'une crise systémique», écrit-il. En cas de crise systémique, le prix de l'or «augmenterait de façon spectaculaire, n'étant soumis ni à l'inflation ni à la mainmise politique». L'idée n'est pas de peindre le diable sur la muraille, mais de disposer d'une assurance «raisonnable» contre un risque improbable, mais hautement dangereux. On se dote d'une assurance incendie pour sa maison, sans quoi on n'oserait allumer le grill l'été. Konrad Hummler observe que la plupart des fortunes ont été dilapidées, diluées ou détruites le siècle dernier, comme durant les dévaluations des années 30 et 40, ou après 1973, à l'abandon du système de Bretton Woods. Konrad Hummler constate l'existence de risques majeurs, à commencer par la montée de l'endettement implicite des systèmes de prévoyance. C'est-à-dire de l'écart entre les promesses de paiements futurs et les recettes futures probables. C'est une véritable «bulle de promesses». Il résulte d'un mécanisme de contrainte auquel personne n'échappe. L'endettement est bien trop élevé dans l'économie, essentiellement à cause de l'effet de levier. C'est un doux poison. Les banques centrales ne peuvent pas exercer une surveillance autre qu'indirecte et limitée.
Vade-mecum du super-optimiste
Repère.
Emmanuel Garessus
Tout l'or du monde! L'imaginaire s'évade, envisage des océans de métal jaune. La réalité est pourtant bien plus modeste. Elle se chiffre à 153000 tonnes d'or aujourd'hui. Et fondu en un seul bloc, il formerait un dé de 20 mètres de chaque côté, selon une étude de la Deutsche Bank, citée par la Weltwoche. Sa valeur s'élèverait à quelque 4000 milliards de francs. L'or, l'actif de dernier recours, représentait 25% de la valeur des produits financiers en 1982. Aujourd'hui, le rapport est tombé à 1,4%. Les experts haussiers sur le métal anticipent une remontée de ce ratio.
Historiquement, le rapport entre les actions, symbolisé par l'indice Dow Jones, et l'or est de 12,5 fois en moyenne, si l'on porte le regard sur les 100 dernières années. Le ratio a été de 40 fois à son sommet en l'an 2000. Il est en train de revenir à la moyenne, ce qui ne manquerait pas de pousser le prix du métal jaune à 850 dollars l'once, selon une étude de Cheuvreux, écrite par Paul Mylchreest. Ce dernier anticipait ce printemps une forte hausse à moyen terme, arguant que les ventes des banques centrales ont fait pression sur le cours ces dernières années. Et il n'excluait pas un pic à 2000 dollars l'once à long terme, si l'idée selon laquelle les banques centrales ont moins d'or qu'elles ne l'affirment était acceptée (LT du 13.8. sur l'incertitude sur les avoirs des banques centrales). Les haussiers parient aussi sur l'espoir d'une augmentation de l'or dans les portefeuilles. Si 1% de l'argent placé en actions et obligations se portait sur l'or, cela équivaudrait à 350 milliards de dollars, ou 19800 tonnes d'or, ou 8 fois la production minière annuelle, selon Paul Mylchreest. Il est permis de rêver.
METAUX PRECIEUX. Certains experts osent parler d'un prix supérieur à 1000 dollars l'once.
por Emmanuel Garessus
Les experts sont circonspects. La tradition veut que le métal jaune soit au plus bas de l'année entre la fin d'août et le début de septembre, juste avant la saison des mariages en Inde, quand la demande de bijoux s'accélère. Pourtant l'or, qui a touché en mai son plus haut niveau depuis 26 ans, à 730 dollars l'once, n'est guère descendu de ses hauteurs printanières. Faut-il tout de même l'acheter maintenant? La complexité du problème dépasse le seul facteur saisonnier. Elle intègre aussi le comportement des banques centrales. Une partie d'entre elles, dont la Suisse et la Banque centrale européenne, ont signé l'accord de Washington pour déterminer le maximum d'or qu'elles s'autorisent à vendre pour ne pas perturber le marché. Signé d'abord en 1999 pour une durée de cinq ans et renouvelé en 2004, il fixe un montant maximum pour chaque année, laquelle échoit le 26 septembre. Or cette année les autorités d'émission se sont séparées de 160 tonnes de moins que leur objectif annuel qui est de 500 tonnes, selon le World Gold Council. Vendront-elles le solde d'ici là?
Une réponse positive à cette question perturberait les espoirs de hausse. Par contre, leur réticence à vendre enverrait un signal éminemment positif. Les montants non vendus ne peuvent être compensés l'année suivante. Toujours est-il qu'au deuxième trimestre, les ventes officielles de la part des banques centrales ont diminué de 63% sur base annuelle. Non seulement les ventes des banques occidentales sont de plus en plus éparses, mais on prête aux banques asiatiques l'intention de diversifier leurs réserves hors du dollar. Chaque signe de leurs intentions, aussi prosaïques soient-ils, est l'objet de vastes débats.
Pendant ce temps, les achats pour la bijouterie, certes à un nouveau record, semblent souffrir des fortes fluctuations de prix. Mais c'est l'énergique demande d'investissement qui détermine le prix. Et celle-ci a pris l'ascenseur. Selon la BNS, l'investissement net a excédé 700 tonnes l'an dernier. L'instrument populaire du moment pour les investisseurs, les fonds indiciels ETF, représentait l'équivalent de 20 tonnes en 2003. Ils dépassent 500 tonnes aujourd'hui.
Le recul saisonnier du prix pourrait conduire le métal à 600 dollars l'once, voire à 580, selon Robert Chardon, cogérant d'un fonds sur l'or pour Lombard Odier Darier Hentsch, à Genève. Dans le pire des cas, il redescendra à 500 dollars, mais l'once devrait partir à la hausse avant la fin de 2006. Le cours sera notamment soutenu par la fin de la hausse des taux américains et les conséquences négatives pour le dollar qui en résultent, selon l'expert genevois. Car la monnaie américaine et l'or évoluent en sens inverse.
Pour la même raison de corrélation inverse avec le dollar, Lionel Motière, directeur de Diapason, à Lausanne, anticipe un scénario différent. Logique, puisque ce dernier pense que les taux d'intérêt pourraient continuer à augmenter aux Etats-Unis. En outre, dans une opinion qui le place en opposition avec le consensus actuel, il voit le dollar s'apprécier: «Qui aurait intérêt aujourd'hui à une baisse du billet vert?» L'or baissera donc à court terme et jusqu'à la fin du premier trimestre 2007. Mais l'expert est très haussier à moyen et long terme: «L'or grimpera à 1000 dollars l'once au minimum.» Moins en réponse à d'éventuels risques géostratégiques, qui soutiennent plutôt le dollar, qu'à la hausse de l'inflation. Car au-delà des incertitudes à court terme, l'or fluctuera en fonction de l'évolution des prix.
Déflation? Inflation? Dans les deux cas, l'or serait l'actif qu'il faudrait se précipiter d'accumuler. Aujourd'hui les marchés financiers semblent plutôt penser que la stabilité des prix prévaudra, notamment après le dernier indice d'inflation américain. «Cette vision optimiste, pour les actions, les obligations et la conjoncture, est clairement la moins probable», affirme Marius Favre, conseiller pour Aria Ltd, à Genève. L'économiste anticipe à long terme un niveau de 45000 francs pour le kilo d'or.
Ben Bernanke, à la tête de la réserve fédérale américaine, a suffisamment répété sa hantise d'une déflation. Il serait prêt à jeter des billets de banque par hélicoptère. Ce qui lui vaut le surnom d'«Hélicoptère Ben». La Fed ne risquera donc pas un effondrement de la consommation. Le scénario inflationniste est plus probable, selon Marius Favre. Il est d'ailleurs bien enclenché. L'inflation américaine est maintenant à 4,1%. Et la tendance des prix hors énergie et alimentation (2,7%) tend à s'accélérer et à rattraper le taux nominal de l'inflation. L'économiste s'étonne: «Personne ne s'inquiète, pourtant dans les années 70, avec le franchissement de la barre des 3%, l'affolement a été tel aux Etats-Unis qu'on a pris les mesures draconiennes de taxes à l'importation. L'expérience montre que la stabilité des prix à un certain niveau est extrêmement difficile. L'expert genevois s'appuie sur les obligations indexées à l'inflation pour montrer que les marchés financiers sous-estiment la hausse des prix. Sur cette base, les marchés anticipent environ 2,5% d'inflation. C'est bien en dessous de la réalité future, à son avis. Lionel Motière appuie ce raisonnement: «La tendance sur trois mois de l'indice des prix américain (CPI) est la pire depuis janvier 1992. Sur six mois, elle est la pire depuis 1991 et le taux d'accélération semestriel est le pire depuis 1983.» L'or est le reflet des liquidités existantes, poursuit-il, et celles-ci sont en forte hausse. L'accès au crédit est très facile. Les achats d'immobilier sans apport d'argent sont à nouveau possibles, même pour les particuliers. Et les émissions d'obligations pour les entreprises (corporate bonds) sont en hausse de 17% sur un an. Par contre, les banques centrales ne sont pas déterminantes sur la tendance du métal jaune, à son avis.
Dans le passé, elles ont souvent vendu au mauvais moment. A long terme, elles devraient tendanciellement être vendeuses d'or, en raison des pressions sociales grandissantes. L'or est sous-évalué par rapport aux autres matières premières, poursuit Marius Favre. En trois ans, le cuivre s'est apprécié 4 fois plus vite que l'or. Les experts scrutent aussi le rapport entre le pétrole et l'or. Actuellement il est de 8,7 fois, mais en moyenne à long terme il est de 16 fois. L'argument utilisé pour justifier l'envol de ce ratio tient aux difficultés structurelles à découvrir de nouveaux champs miniers. Il peut être repris sans autres pour l'or. Il y a 25 ans, il fallait 1,5 tonne de gisement pour produire un gramme d'or. Aujourd'hui 4 à 5 tonnes sont nécessaires.
La faible part d'or en portefeuille sous-estime le besoin d'assurance
L'or répond aux désirs de préservation du capital, mais l'investisseur lui fait peu confiance. Faut-il l'intégrer dans la performance?
Emmanuel Garessus
Si l'or se sent des ailes depuis 4 ans, la proportion qu'il occupe dans les portefeuilles est toujours fragile. «La part de l'ensemble des matières premières dans le portefeuille modèle a été abaissée de 3 à 1% à la fin du premier trimestre et n'a pas ensuite été modifiée», selon Robert Chardon, cogérant d'un fonds sur l'or pour Lombard Odier Darier Hentsch, à Genève.
Lionel Motière, auprès de Diapason, à Lausanne, recommande une part sensiblement supérieure. «Au moins 5% d'or dans un portefeuille, sous forme physique de préférence, sinon en ETF ou en Futures, et entre 15 et 25% pour l'ensemble des matières premières». Cette préférence pour l'or physique répond au souci de couvrir les risques exceptionnels. Le handicap du transport est compensé par des avantages indiscutables en cas de crise. C'est aussi pourquoi l'expert en matières premières n'apprécie pas les ETF qui possèdent une clause de force majeure qui évite la livraison en cas exceptionnel. Car c'est justement à cette fin que l'on détient le métal jaune. Des créances envers un quelconque émetteur d'instruments basés sur l'or ne seraient pas d'un grand secours, selon la Banque Wegelin.
Auprès de Lombard Odier Darier Hentsch, on estime toutefois le moment mal choisi pour trop y investir: le fonds de matières premières (517 millions de francs de fortune) contient 12% d'or et autres métaux précieux, en ligne avec son indice de référence, selon Robert Chardon. Celui-ci cogère aussi le fonds World Gold Expertise. Ce fonds de placement en or et mines d'or privilégie les petites sociétés aurifères aux grandes compagnies, car ces dernières peinent à stimuler leur croissance. En outre, les petites compagnies réagissent plus que proportionnellement à la hausse de l'or, mais sont également plus sensibles à des catalystes spécifiques, ce qui permet de diversifier le risque.
Mais faut-il penser au métal jaune en termes de performance? Konrad Hummler, associé de Wegelin & Co, propose de placer 5% en or à des fins de préservation du capital et de ne pas l'intégrer dans l'analyse de la performance. «Nous ne pouvons négliger l'éventualité aussi dangereuse qu'improbable d'une crise systémique», écrit-il. En cas de crise systémique, le prix de l'or «augmenterait de façon spectaculaire, n'étant soumis ni à l'inflation ni à la mainmise politique». L'idée n'est pas de peindre le diable sur la muraille, mais de disposer d'une assurance «raisonnable» contre un risque improbable, mais hautement dangereux. On se dote d'une assurance incendie pour sa maison, sans quoi on n'oserait allumer le grill l'été. Konrad Hummler observe que la plupart des fortunes ont été dilapidées, diluées ou détruites le siècle dernier, comme durant les dévaluations des années 30 et 40, ou après 1973, à l'abandon du système de Bretton Woods. Konrad Hummler constate l'existence de risques majeurs, à commencer par la montée de l'endettement implicite des systèmes de prévoyance. C'est-à-dire de l'écart entre les promesses de paiements futurs et les recettes futures probables. C'est une véritable «bulle de promesses». Il résulte d'un mécanisme de contrainte auquel personne n'échappe. L'endettement est bien trop élevé dans l'économie, essentiellement à cause de l'effet de levier. C'est un doux poison. Les banques centrales ne peuvent pas exercer une surveillance autre qu'indirecte et limitée.
Vade-mecum du super-optimiste
Repère.
Emmanuel Garessus
Tout l'or du monde! L'imaginaire s'évade, envisage des océans de métal jaune. La réalité est pourtant bien plus modeste. Elle se chiffre à 153000 tonnes d'or aujourd'hui. Et fondu en un seul bloc, il formerait un dé de 20 mètres de chaque côté, selon une étude de la Deutsche Bank, citée par la Weltwoche. Sa valeur s'élèverait à quelque 4000 milliards de francs. L'or, l'actif de dernier recours, représentait 25% de la valeur des produits financiers en 1982. Aujourd'hui, le rapport est tombé à 1,4%. Les experts haussiers sur le métal anticipent une remontée de ce ratio.
Historiquement, le rapport entre les actions, symbolisé par l'indice Dow Jones, et l'or est de 12,5 fois en moyenne, si l'on porte le regard sur les 100 dernières années. Le ratio a été de 40 fois à son sommet en l'an 2000. Il est en train de revenir à la moyenne, ce qui ne manquerait pas de pousser le prix du métal jaune à 850 dollars l'once, selon une étude de Cheuvreux, écrite par Paul Mylchreest. Ce dernier anticipait ce printemps une forte hausse à moyen terme, arguant que les ventes des banques centrales ont fait pression sur le cours ces dernières années. Et il n'excluait pas un pic à 2000 dollars l'once à long terme, si l'idée selon laquelle les banques centrales ont moins d'or qu'elles ne l'affirment était acceptée (LT du 13.8. sur l'incertitude sur les avoirs des banques centrales). Les haussiers parient aussi sur l'espoir d'une augmentation de l'or dans les portefeuilles. Si 1% de l'argent placé en actions et obligations se portait sur l'or, cela équivaudrait à 350 milliards de dollars, ou 19800 tonnes d'or, ou 8 fois la production minière annuelle, selon Paul Mylchreest. Il est permis de rêver.
L'inquiétant déclin des sciences exactes
Le Temps (Genève)
• Dans les pays occidentaux, le désintérêt envers les sciences naturelles et les mathématiques suscite des inquiétudes. Les milieux professionnels plaident pour une sensibilisation des enfants dès le primaire.
por Nicolas Dufour
Une situation délicate. Alors que les sciences naturelles et techniques s'imposent dans le débat politique, elles font face à un lent déclin des effectifs dans les hautes écoles, voire en amont. Ce lundi, une nouvelle action de sensibilisation aux métiers scientifiques est lancée par l'association professionnelle Ingénieurs et avenir/IngCH avec l'Académie des sciences techniques (SATW). Et cet automne sera animé sur le plan national. Le Conseil fédéral présentera son programme pour la formation supérieure et professionnelle de 2008 à 2011, tandis que les parlementaires débattront notamment d'un budget de 340 millions de francs pour les programmes de recherche européens, objet d'une forte mobilisation des chercheurs.
En toile de fond pourtant, un manque d'intérêt des jeunes envers ces disciplines. Avec 27% de diplômés du supérieur dans les sciences naturelles ou techniques, la Suisse s'en tire encore honorablement (LT du 02.03.06). Mais dans les sections de physique, mathématiques ou chimie, la croissance est au mieux stagnante, au pire à la baisse. Le phénomène touche toutes les nations occidentales, face à des pays comme l'Inde ou la Chine qui ne cessent de faire gonfler les effectifs de leurs instituts de technologies.
Aux Etats-Unis, malgré un léger rebond en 2005, le nombre de diplômés de premier degré a baissé, en quinze ans jusqu'à 2004, de 100000 à 88000. Ce pays forme un peu plus de 19000 doctorants par année, en légère baisse, depuis dix ans. La Chine délivre déjà 7500 doctorats par année en sciences et ingénierie, une croissance de 420% sur une décennie. Dans un rapport publié en mai, l'OCDE relève que, dans les pays industrialisés, «la proportion d'étudiants en sciences et technologie a accusé une baisse régulière» durant les dix dernières années, avec des «tendances particulièrement inquiétantes» en maths et en physique.
De nombreuses raisons sont avancées pour expliquer cette décrue. Avant tout, la féminisation ratée des domaines scientifiques et techniques. Hormis pour les sciences du vivant, la proportion de femmes plafonne à moins de 40% dans les pays de l'OCDE, situation que ses experts attribuent à des «pressions négatives» et des «stéréotypes persistants». Dans une tribune publiée par la SATW, le président émérite du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Charles M. Vest, évoque avec une amertume implicite ces sciences qui, en Chine, sont «excitantes» aux yeux des jeunes. «Nous devons redoubler d'efforts pour rendre nos écoles d'ingénieurs et nos professions attractives pour les femmes et les minorités encore peu impliquées», lance-t-il.
C'est désormais le manque de professeurs qui inquiète les responsables politiques. La NZZ am Sonntag relevait récemment que dans 18 cantons, dont Zurich et Bâle-Ville, les enseignants en sciences naturelles et en mathématiques, au niveau du secondaire II (gymnase), manquent à l'appel. Pour l'heure, le phénomène semble surtout alémanique. Directeur des gymnases vaudois, Séverin Bez assure que les postes mis au concours jusqu'ici ont été repourvus. «On puise parfois dans le réservoir du secondaire inférieur», relève-t-il, en particulier pour les maths. Pour cette dernière discipline, les remplacements deviennent, eux, problématiques, tandis que la chimie présente «une situation critique».
A Genève, Pascal Cirlini, directeur du service du personnel pour le secondaire II, n'évoque pas non plus une pénurie, mais observe une «légère tension». Président de la Société suisse des professeurs de sciences naturelles, Maurice Cosandey décrit une situation «sur la corde raide».
Partant, on diversifie les voies d'accès à l'enseignement des sciences et des maths. Sur Vaud, ces dernières peuvent être enseignées, moyennant des compléments pédagogiques, par des diplômés en biologie, qui, eux, sont encore légion. A Genève, un programme mis au point avec l'Université permet aussi aux diplômés d'autres branches d'enseigner les maths. Et partout, des étudiants sont appelés en renfort pour les remplacements.
Ces difficultés font tache, au moment où des millions sont demandés pour les laboratoires de recherche. «C'est embêtant», concède la conseillère nationale (PDC/ZH) Kathy Riklin, qui parraine l'action de IngCH. Déplorant la faible représentation des sciences dans les écoles - «deux tiers des enseignants des lycées viennent des humanités» -, elle regrette en outre que l'effort ne soit pas porté plus tôt, à l'école primaire. C'est précisément le but du programme présenté ce jour, «NaTech Education». Organisant déjà des semaines sur la technologie et l'environnement, IngCH, fondée par 24 entreprises, veut approcher les enseignants du primaire en leur proposant des activités de sensibilisation, afin «de développer la curiosité technique des enfants», résume Marina de Senarclens, cheffe de projet. Selon l'OCDE, l'intérêt des enfants envers les sciences et les techniques est marqué dès le primaire et jusqu'à 15 ans, âge auquel il «baisse très fortement».
«Construire du sens autour des maths»
L'enseignement des sciences sous la loupe.
por Olivier Dessibourg
Guillaume Vanhulst dirige la Formation des enseignants du secondaire (I et II) à l'Uni de Fribourg.
Le Temps: Y a-t-il eu de récents gros changements didactiques?
Guillaume Vanhulst:Oui, notamment au travers du nouveau cursus de maths introduit dans les années90. L'approche y est fondée sur la capacité des élèves à s'autonomiser, à développer leurs propres stratégies pour résoudre un problème. Ceci tout en leur permettant d'acquérir un savoir disciplinaire.
- Résultats?
- Comme dans toute réforme, sa réalisation n'est pas à la hauteur des intentions des concepteurs. Même si les enseignants font de gros efforts d'appropriation de ces nouveautés. Car depuis cinq à six ans, il faut tenir compte d'un changement important dans le paysage scolaire: l'utilisation médiatique d'études comparatives comme PISA. Ces études constituent un bon outil de pilotage des institutions scolaires. Mais lorsqu'elles sont projetées sans précaution dans l'espace social, leur utilisation caricaturale place l'école dans un système réducteur d'échelle d'excellence. Cela a crispé nombre d'enseignants, qui n'y retrouvent pas leurs efforts consentis.
- Une question revient souvent: celle de l'utilité des sciences dures. La réponse des profs s'est-elle précisée?
- L'évolution est lente. Nous retrouvons une sorte de «viscosité sociale»: certains vivent encore avec une mentalité ancienne dans un système rénové. On assiste à une transformation profonde du métier, car les élèves acceptent de moins en moins les démarches d'apprentissage dont ils ne comprennent pas le sens. Le problème n'est pas neuf. Mais pour les profs, la construction du sens des apprentissages est de plus en plus une tâche à part entière. Et ils ne s'y sentent pas toujours préparés.
- Quid du décalage évoqué entre les contenus enseignés et les concepts qui font la science d'aujourd'hui?
- Certains enseignants s'évertuent à le gommer. Mais je ne suis pas sûr qu'ils y parviennent. Ainsi au secondaire II, la structure d'enseignement repose encore fortement sur la physique traditionnelle, vieille d'au moins un siècle. Les profs tentent de la relier à des notions contemporaines. Mais, alors que le cursus prévu permet une progression logique, des notions de physique quantique, par exemple, immergent immédiatement les collégiens dans des niveaux de complexité hors d'atteinte.
- La construction par étages du savoir scientifique est-elle évitable?
- Les disciplines scolaires sont d'abord des constructions sociales. Il faut dès lors se demander ce qu'il faut conserver dans l'espace encombré des contenus actuellement enseignés. Ceux qui établissent les programmes scolaires se sont-ils seulement autorisés à aller au fond de cette question? J'en doute. Il faudrait ouvrir un débat sur ce que l'honnête homme d'aujourd'hui se devrait de connaître des domaines scientifiques actuels, et réfléchir à de nouvelles méthodes d'acquisition de ces connaissances.
«Un changement fondamental»
Nicolas Dufour
Historien des sciences récemment invité par l'Université de Lausanne, Dominique Pestre (Science, argent et politique, Ed. INRA) commente le «déclin» des sciences naturelles.
• Argent.
«Dans le nouvel univers qui est le nôtre, on choisit de plus en plus un métier en fonction de l'argent que l'on gagne. Je ne vois pas pourquoi les gens choisiraient les sciences. Avec une école de commerce vous avez un avenir plus lucratif. Cela reflète un changement fondamental, de ce qu'est le social aujourd'hui, et des valeurs qu'il promeut.»
• Physique.
«Le discours sur le déclin de la science a surtout été tenu par certains physiciens. Des structures telles que le CERN vivaient bien dans un système politique où le savoir est valorisé. Mais dans un contexte où la seule chose qui compte est de prendre des brevets, la physique des hautes énergies redevient l'affaire de quelques fous brillants, que l'on paie pour la gloire. Voyez les problèmes du CERN, qui vit un effondrement des effectifs. Le système a favorisé une autre vision de la science.»
• Défiance.
«Certains disent que les gens ne croient plus aux sciences, c'est le retour de l'obscurantisme... Ces discours reposent sur une amnésie. Ainsi, la critique de la technophilie des marchés, qui imposent des nouveaux objets au corps social parce que c'est rentable, existe depuis longtemps. Ce qui me semble extraordinaire, c'est le nouveau tour du discours. Ceux qui déplorent une montée de l'obscurantisme visent les environnementalistes. Pourtant, dans les organisations écologistes, on trouve des gens qualifiés, qui connaissent leur sujet aussi bien que leurs adversaires, mais dont le choix politique est différent. Ce n'est pas une question de foi envers la science. Les grands scientifiques vivent avec la pression des brevets et dans l'univers qui les a structurés, le savoir, la découverte du monde... Mais chez les jeunes, il se peut que le discours du savoir décroisse face à celui de la réalité concurrentielle et commerciale.»
Davantage de sciences dans la maturité
Nicolas Dufour
Un peu plus de sciences dans la maturité: c'est ce que promettent des experts fédéraux. Depuis sa rénovation, la maturité exaspère les milieux concernés. Avec 20%, la dotation globale pour les mathématiques est jugée trop faible, et le système de notation fâche. Les gymnasiens n'obtiennent en effet qu'une seule note pour le groupe physique, chimie et biologie. «Les élèves ne se donnent plus de peine, puisqu'ils peuvent compenser», déplore Maurice Cosandey, président de la Société suisse des professeurs de sciences naturelles, qui déposait il y un an une pétition de près d'un millier de signatures.
Doléances en partie entendues. Face aux velléités de numerus clausus des EPF, Pascal Couchepin a souhaité une «amélioration de la maturité». Un groupe de travail devrait clore ses travaux cette semaine. Ainsi, les trois disciplines scientifiques compteraient pour une seule note chacune, indique Ernst Flammer, au Secrétariat d'Etat à l'éducation et la recherche. En outre, un relèvement de la dotation sera suggéré, qui porterait les sciences naturelles et les maths à 25, voire 30% du total.
Là, les experts marchent sur des œufs, car le nombre d'heures de cours reste l'apanage des cantons.
Transmises au Département de l'intérieur et aux cantons, ces mesures devraient apaiser un peu la colère des scientifiques. Mais ceux-ci regrettent toujours que le système ne permette pas de faire une maturité scientifique comme dans l'ancien régime, car pour leurs options, les gymnasiens doivent grouper les domaines: physique et maths, ou biologie et chimie. Manière d'opposer les branches, dénoncent des professeurs. Maurice Cosandey plaide pour un «rééquilibrage des disciplines».
• Dans les pays occidentaux, le désintérêt envers les sciences naturelles et les mathématiques suscite des inquiétudes. Les milieux professionnels plaident pour une sensibilisation des enfants dès le primaire.
por Nicolas Dufour
Une situation délicate. Alors que les sciences naturelles et techniques s'imposent dans le débat politique, elles font face à un lent déclin des effectifs dans les hautes écoles, voire en amont. Ce lundi, une nouvelle action de sensibilisation aux métiers scientifiques est lancée par l'association professionnelle Ingénieurs et avenir/IngCH avec l'Académie des sciences techniques (SATW). Et cet automne sera animé sur le plan national. Le Conseil fédéral présentera son programme pour la formation supérieure et professionnelle de 2008 à 2011, tandis que les parlementaires débattront notamment d'un budget de 340 millions de francs pour les programmes de recherche européens, objet d'une forte mobilisation des chercheurs.
En toile de fond pourtant, un manque d'intérêt des jeunes envers ces disciplines. Avec 27% de diplômés du supérieur dans les sciences naturelles ou techniques, la Suisse s'en tire encore honorablement (LT du 02.03.06). Mais dans les sections de physique, mathématiques ou chimie, la croissance est au mieux stagnante, au pire à la baisse. Le phénomène touche toutes les nations occidentales, face à des pays comme l'Inde ou la Chine qui ne cessent de faire gonfler les effectifs de leurs instituts de technologies.
Aux Etats-Unis, malgré un léger rebond en 2005, le nombre de diplômés de premier degré a baissé, en quinze ans jusqu'à 2004, de 100000 à 88000. Ce pays forme un peu plus de 19000 doctorants par année, en légère baisse, depuis dix ans. La Chine délivre déjà 7500 doctorats par année en sciences et ingénierie, une croissance de 420% sur une décennie. Dans un rapport publié en mai, l'OCDE relève que, dans les pays industrialisés, «la proportion d'étudiants en sciences et technologie a accusé une baisse régulière» durant les dix dernières années, avec des «tendances particulièrement inquiétantes» en maths et en physique.
De nombreuses raisons sont avancées pour expliquer cette décrue. Avant tout, la féminisation ratée des domaines scientifiques et techniques. Hormis pour les sciences du vivant, la proportion de femmes plafonne à moins de 40% dans les pays de l'OCDE, situation que ses experts attribuent à des «pressions négatives» et des «stéréotypes persistants». Dans une tribune publiée par la SATW, le président émérite du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Charles M. Vest, évoque avec une amertume implicite ces sciences qui, en Chine, sont «excitantes» aux yeux des jeunes. «Nous devons redoubler d'efforts pour rendre nos écoles d'ingénieurs et nos professions attractives pour les femmes et les minorités encore peu impliquées», lance-t-il.
C'est désormais le manque de professeurs qui inquiète les responsables politiques. La NZZ am Sonntag relevait récemment que dans 18 cantons, dont Zurich et Bâle-Ville, les enseignants en sciences naturelles et en mathématiques, au niveau du secondaire II (gymnase), manquent à l'appel. Pour l'heure, le phénomène semble surtout alémanique. Directeur des gymnases vaudois, Séverin Bez assure que les postes mis au concours jusqu'ici ont été repourvus. «On puise parfois dans le réservoir du secondaire inférieur», relève-t-il, en particulier pour les maths. Pour cette dernière discipline, les remplacements deviennent, eux, problématiques, tandis que la chimie présente «une situation critique».
A Genève, Pascal Cirlini, directeur du service du personnel pour le secondaire II, n'évoque pas non plus une pénurie, mais observe une «légère tension». Président de la Société suisse des professeurs de sciences naturelles, Maurice Cosandey décrit une situation «sur la corde raide».
Partant, on diversifie les voies d'accès à l'enseignement des sciences et des maths. Sur Vaud, ces dernières peuvent être enseignées, moyennant des compléments pédagogiques, par des diplômés en biologie, qui, eux, sont encore légion. A Genève, un programme mis au point avec l'Université permet aussi aux diplômés d'autres branches d'enseigner les maths. Et partout, des étudiants sont appelés en renfort pour les remplacements.
Ces difficultés font tache, au moment où des millions sont demandés pour les laboratoires de recherche. «C'est embêtant», concède la conseillère nationale (PDC/ZH) Kathy Riklin, qui parraine l'action de IngCH. Déplorant la faible représentation des sciences dans les écoles - «deux tiers des enseignants des lycées viennent des humanités» -, elle regrette en outre que l'effort ne soit pas porté plus tôt, à l'école primaire. C'est précisément le but du programme présenté ce jour, «NaTech Education». Organisant déjà des semaines sur la technologie et l'environnement, IngCH, fondée par 24 entreprises, veut approcher les enseignants du primaire en leur proposant des activités de sensibilisation, afin «de développer la curiosité technique des enfants», résume Marina de Senarclens, cheffe de projet. Selon l'OCDE, l'intérêt des enfants envers les sciences et les techniques est marqué dès le primaire et jusqu'à 15 ans, âge auquel il «baisse très fortement».
«Construire du sens autour des maths»
L'enseignement des sciences sous la loupe.
por Olivier Dessibourg
Guillaume Vanhulst dirige la Formation des enseignants du secondaire (I et II) à l'Uni de Fribourg.
Le Temps: Y a-t-il eu de récents gros changements didactiques?
Guillaume Vanhulst:Oui, notamment au travers du nouveau cursus de maths introduit dans les années90. L'approche y est fondée sur la capacité des élèves à s'autonomiser, à développer leurs propres stratégies pour résoudre un problème. Ceci tout en leur permettant d'acquérir un savoir disciplinaire.
- Résultats?
- Comme dans toute réforme, sa réalisation n'est pas à la hauteur des intentions des concepteurs. Même si les enseignants font de gros efforts d'appropriation de ces nouveautés. Car depuis cinq à six ans, il faut tenir compte d'un changement important dans le paysage scolaire: l'utilisation médiatique d'études comparatives comme PISA. Ces études constituent un bon outil de pilotage des institutions scolaires. Mais lorsqu'elles sont projetées sans précaution dans l'espace social, leur utilisation caricaturale place l'école dans un système réducteur d'échelle d'excellence. Cela a crispé nombre d'enseignants, qui n'y retrouvent pas leurs efforts consentis.
- Une question revient souvent: celle de l'utilité des sciences dures. La réponse des profs s'est-elle précisée?
- L'évolution est lente. Nous retrouvons une sorte de «viscosité sociale»: certains vivent encore avec une mentalité ancienne dans un système rénové. On assiste à une transformation profonde du métier, car les élèves acceptent de moins en moins les démarches d'apprentissage dont ils ne comprennent pas le sens. Le problème n'est pas neuf. Mais pour les profs, la construction du sens des apprentissages est de plus en plus une tâche à part entière. Et ils ne s'y sentent pas toujours préparés.
- Quid du décalage évoqué entre les contenus enseignés et les concepts qui font la science d'aujourd'hui?
- Certains enseignants s'évertuent à le gommer. Mais je ne suis pas sûr qu'ils y parviennent. Ainsi au secondaire II, la structure d'enseignement repose encore fortement sur la physique traditionnelle, vieille d'au moins un siècle. Les profs tentent de la relier à des notions contemporaines. Mais, alors que le cursus prévu permet une progression logique, des notions de physique quantique, par exemple, immergent immédiatement les collégiens dans des niveaux de complexité hors d'atteinte.
- La construction par étages du savoir scientifique est-elle évitable?
- Les disciplines scolaires sont d'abord des constructions sociales. Il faut dès lors se demander ce qu'il faut conserver dans l'espace encombré des contenus actuellement enseignés. Ceux qui établissent les programmes scolaires se sont-ils seulement autorisés à aller au fond de cette question? J'en doute. Il faudrait ouvrir un débat sur ce que l'honnête homme d'aujourd'hui se devrait de connaître des domaines scientifiques actuels, et réfléchir à de nouvelles méthodes d'acquisition de ces connaissances.
«Un changement fondamental»
Nicolas Dufour
Historien des sciences récemment invité par l'Université de Lausanne, Dominique Pestre (Science, argent et politique, Ed. INRA) commente le «déclin» des sciences naturelles.
• Argent.
«Dans le nouvel univers qui est le nôtre, on choisit de plus en plus un métier en fonction de l'argent que l'on gagne. Je ne vois pas pourquoi les gens choisiraient les sciences. Avec une école de commerce vous avez un avenir plus lucratif. Cela reflète un changement fondamental, de ce qu'est le social aujourd'hui, et des valeurs qu'il promeut.»
• Physique.
«Le discours sur le déclin de la science a surtout été tenu par certains physiciens. Des structures telles que le CERN vivaient bien dans un système politique où le savoir est valorisé. Mais dans un contexte où la seule chose qui compte est de prendre des brevets, la physique des hautes énergies redevient l'affaire de quelques fous brillants, que l'on paie pour la gloire. Voyez les problèmes du CERN, qui vit un effondrement des effectifs. Le système a favorisé une autre vision de la science.»
• Défiance.
«Certains disent que les gens ne croient plus aux sciences, c'est le retour de l'obscurantisme... Ces discours reposent sur une amnésie. Ainsi, la critique de la technophilie des marchés, qui imposent des nouveaux objets au corps social parce que c'est rentable, existe depuis longtemps. Ce qui me semble extraordinaire, c'est le nouveau tour du discours. Ceux qui déplorent une montée de l'obscurantisme visent les environnementalistes. Pourtant, dans les organisations écologistes, on trouve des gens qualifiés, qui connaissent leur sujet aussi bien que leurs adversaires, mais dont le choix politique est différent. Ce n'est pas une question de foi envers la science. Les grands scientifiques vivent avec la pression des brevets et dans l'univers qui les a structurés, le savoir, la découverte du monde... Mais chez les jeunes, il se peut que le discours du savoir décroisse face à celui de la réalité concurrentielle et commerciale.»
Davantage de sciences dans la maturité
Nicolas Dufour
Un peu plus de sciences dans la maturité: c'est ce que promettent des experts fédéraux. Depuis sa rénovation, la maturité exaspère les milieux concernés. Avec 20%, la dotation globale pour les mathématiques est jugée trop faible, et le système de notation fâche. Les gymnasiens n'obtiennent en effet qu'une seule note pour le groupe physique, chimie et biologie. «Les élèves ne se donnent plus de peine, puisqu'ils peuvent compenser», déplore Maurice Cosandey, président de la Société suisse des professeurs de sciences naturelles, qui déposait il y un an une pétition de près d'un millier de signatures.
Doléances en partie entendues. Face aux velléités de numerus clausus des EPF, Pascal Couchepin a souhaité une «amélioration de la maturité». Un groupe de travail devrait clore ses travaux cette semaine. Ainsi, les trois disciplines scientifiques compteraient pour une seule note chacune, indique Ernst Flammer, au Secrétariat d'Etat à l'éducation et la recherche. En outre, un relèvement de la dotation sera suggéré, qui porterait les sciences naturelles et les maths à 25, voire 30% du total.
Là, les experts marchent sur des œufs, car le nombre d'heures de cours reste l'apanage des cantons.
Transmises au Département de l'intérieur et aux cantons, ces mesures devraient apaiser un peu la colère des scientifiques. Mais ceux-ci regrettent toujours que le système ne permette pas de faire une maturité scientifique comme dans l'ancien régime, car pour leurs options, les gymnasiens doivent grouper les domaines: physique et maths, ou biologie et chimie. Manière d'opposer les branches, dénoncent des professeurs. Maurice Cosandey plaide pour un «rééquilibrage des disciplines».
domingo, agosto 27, 2006
Índice de hoje
- Venga a Israel a hacer turismo de guerra! (ABC, Madrid)
- Mel, melado ou adulterado? (Ambiente Brasil)
- Arqueólogos descobrem sistema de águas de 2.700 anos em Israel (Ambiente Brasil)
- Mel, melado ou adulterado? (Ambiente Brasil)
- Arqueólogos descobrem sistema de águas de 2.700 anos em Israel (Ambiente Brasil)
Venga a Israel a hacer turismo de guerra!
ABC (Madrid)
por LAURA L. CARO. ENVIADA ESPECIAL JERUSALÉN.
Si las catedrales de Europa empiezan a parecerle todas iguales, si no acierta a explicar a sus vecinas en qué se diferencian la playa de este año de la del año pasado, si la montaña ya no tiene secretos para usted, lo suyo va a ser el turismo de guerra.
La última excentricidad en Israel, una experiencia de lujo sólo para adinerados intrépidos y con alma de novela de John Le Carré, que a cambio de 1.895 dólares -unos 1.580 euros- le permitirá este mismo mes de noviembre compartir durante ocho días conversación con los «topos» hebreos que se infiltran en los «grupos terroristas» para obtener información, estrechar la mano a algún que otro espía del Mossad y «heroes de guerra israelíes que salvaron el país», recorrer en un tour de diseño las posiciones judías en la frontera con Líbano o, actividad estrella del programa, asistir a un excitante juicio de la corte militar contra un activista de Hamás.
Por no hablar de la apasionante oportunidad de viajar en jeep al Golán ocupado o escuchar en conferencia a los miembros de las Fuerzas de Defensa «que llevan a cabo los asesinatos selectivos y las incursiones en territorio árabe». Ocasión única para los morbos más exigentes. Y por si acaba agotado de tantas emociones fuertes dignas de rambos de salón, el plan incluye cada noche cena a la luz de las velas en los mejores restaurantes de Tel Aviv o Jerusalén, sueños de blanco satén en fastuosos hoteles de cinco estrellas para relajarse de tanta tensión bélica y un inolvidable crucero a bordo del yate de evocador nombre «Luz de luna» por el mar de Galilea.
Lucha contra el odio musulmán
«La última misión para Israel. Una experiencia para una vez en la vida» es el grandilocuente título que, a modo de reclamo, encabeza esta propuesta de dudoso gusto lanzada a través de la prensa del país por el Shurat HaDin, el «Centro de Leyes de Israel», que anuncia estas vacaciones de frívolos guerreros del coronel Tapioca como una exploración «de los peligros estratégicos del Estado judío, de la violencia árabe y del fundamentalismo islámico, de la lucha de Israel por sobrevivir» encardinada dentro de su actividad de «organización de derechos humanos (...) comprometida con la destrucción económica de los grupos de odio en Oriente Medio».
Y es que, junto con la inscripción, el Shurat HaDin ya anuncia que el bravo expedicionario a la violeta será amablemente invitado a efectuar una donación deducible de entre 500 y 5.000 dólares americanos destinados a financiar la labor de asistencia legal que esta entidad de imagen seria desarrolla «en favor de las víctimas del terror» contra «Hamás, Irán, la Yihad Islámica, la Autoridad Nacional Palestina, Siria y Europa». Con éxitos en los tribunales de todo el mundo, apuntan, gracias a los que han conseguido bloquear más de 300 millones de dólares de dinero palestino antes de que fuera a parar a manos de violentos.
Extravagantes vacaciones
Capricho de rico, obscenos juegos de guerra o experimento para disparar sensibilidades -«encoleriza a tus soldados para aumentar su furia, esa ira es lo que destruye al enemigo», Sun Tzu en «El arte de la guerra»-, lo cierto es que el itinerario lo cierra con una charla el propio jefe de la Corte Suprema de Justicia, Aharon Barak. Lo dicho, una experiencia para una vez en la vida.
por LAURA L. CARO. ENVIADA ESPECIAL JERUSALÉN.
Si las catedrales de Europa empiezan a parecerle todas iguales, si no acierta a explicar a sus vecinas en qué se diferencian la playa de este año de la del año pasado, si la montaña ya no tiene secretos para usted, lo suyo va a ser el turismo de guerra.
La última excentricidad en Israel, una experiencia de lujo sólo para adinerados intrépidos y con alma de novela de John Le Carré, que a cambio de 1.895 dólares -unos 1.580 euros- le permitirá este mismo mes de noviembre compartir durante ocho días conversación con los «topos» hebreos que se infiltran en los «grupos terroristas» para obtener información, estrechar la mano a algún que otro espía del Mossad y «heroes de guerra israelíes que salvaron el país», recorrer en un tour de diseño las posiciones judías en la frontera con Líbano o, actividad estrella del programa, asistir a un excitante juicio de la corte militar contra un activista de Hamás.
Por no hablar de la apasionante oportunidad de viajar en jeep al Golán ocupado o escuchar en conferencia a los miembros de las Fuerzas de Defensa «que llevan a cabo los asesinatos selectivos y las incursiones en territorio árabe». Ocasión única para los morbos más exigentes. Y por si acaba agotado de tantas emociones fuertes dignas de rambos de salón, el plan incluye cada noche cena a la luz de las velas en los mejores restaurantes de Tel Aviv o Jerusalén, sueños de blanco satén en fastuosos hoteles de cinco estrellas para relajarse de tanta tensión bélica y un inolvidable crucero a bordo del yate de evocador nombre «Luz de luna» por el mar de Galilea.
Lucha contra el odio musulmán
«La última misión para Israel. Una experiencia para una vez en la vida» es el grandilocuente título que, a modo de reclamo, encabeza esta propuesta de dudoso gusto lanzada a través de la prensa del país por el Shurat HaDin, el «Centro de Leyes de Israel», que anuncia estas vacaciones de frívolos guerreros del coronel Tapioca como una exploración «de los peligros estratégicos del Estado judío, de la violencia árabe y del fundamentalismo islámico, de la lucha de Israel por sobrevivir» encardinada dentro de su actividad de «organización de derechos humanos (...) comprometida con la destrucción económica de los grupos de odio en Oriente Medio».
Y es que, junto con la inscripción, el Shurat HaDin ya anuncia que el bravo expedicionario a la violeta será amablemente invitado a efectuar una donación deducible de entre 500 y 5.000 dólares americanos destinados a financiar la labor de asistencia legal que esta entidad de imagen seria desarrolla «en favor de las víctimas del terror» contra «Hamás, Irán, la Yihad Islámica, la Autoridad Nacional Palestina, Siria y Europa». Con éxitos en los tribunales de todo el mundo, apuntan, gracias a los que han conseguido bloquear más de 300 millones de dólares de dinero palestino antes de que fuera a parar a manos de violentos.
Extravagantes vacaciones
Capricho de rico, obscenos juegos de guerra o experimento para disparar sensibilidades -«encoleriza a tus soldados para aumentar su furia, esa ira es lo que destruye al enemigo», Sun Tzu en «El arte de la guerra»-, lo cierto es que el itinerario lo cierra con una charla el propio jefe de la Corte Suprema de Justicia, Aharon Barak. Lo dicho, una experiencia para una vez en la vida.
Mel, melado ou adulterado?
Ambiente Brasil
Rapidez de análise, baixo custo e alta sensibilidade. A técnica para certificação da integridade do mel produzido no Brasil, desenvolvida pelo Laboratório Thomson de Espectrometria de Massas, da Universidade Estadual de Campinas (Unicamp), apresenta as três características fundamentais para um bom controle de qualidade.
Os apicultores nacionais conhecem bem as conseqüências de não terem um produto de origem controlada. Em março, a Federação Européia de Comércio de Produtos do Agronegócio teria constatado resíduos de antibiótico no produto brasileiro, o que levou a um embargo – a atitude, segundo produtores, também poderia ter motivações políticas.
O assunto tem sido discutido pelas partes e está longe de ser resolvido. O teste recém-criado permite conhecer a origem do mel (eucalipto, silvestre, laranjeira e assim por diante) e a existência de substâncias estranhas no produto. Os resultados saem em um minuto.
“Por ser um método muito sensível, rápido e simples, acreditamos que possa ser aplicado facilmente por laboratórios nacionais de controle de qualidade”, disse Rodrigo Catharino, pesquisador do Laboratório Thomson.
O equipamento usado, um espectrômetro de massas, gera diversos gráficos, que representam as substâncias existentes nos méis. “Fechamos o foco nos sinais dados pelos triglicerídeos e açúcares. A somatória desses elementos é que permite saber, além da origem, se o mel está adulterado ou não”, explica Catharino.
A parte final do teste consiste na comparação entre amostras que constam do banco de dados montado pelo laboratório – e consideradas de bom padrão de qualidade – com as obtidas no mercado, vendidas normalmente aos consumidores.
Segundo Catharino, uma das maiores surpresas nos testes já feitos foi identificar que a adulteração de uma determinada amostra de mel ocorreu por meio da adição de óleo de soja. Mais comum, segundo as análises feitas em Campinas, é o uso de misturas como caramelo, xarope de glicose ou açúcar invertido, ingrediente muito utilizado na indústria de balas.
“A viabilização das análises para o atendimento do produtor e da população em geral já pode ser feita sem problemas. Esperamos que órgãos de governo se interessem pela transferência de tecnologia”, disse Catharino.
A venda de mel adulterado não acarreta prejuízos apenas para o produtor. Como muitas pessoas ingerem o produto em virtude de certas propriedades químicas, um índice muito alto de adulteração pode ocasionar problemas de saúde. Além do mel, o laboratório da Unicamp faz testes semelhantes com o própolis produzido. O próximo passo será estudar a geléia real.
(Fonte: Eduardo Geraque /Agência FAPESP)
Rapidez de análise, baixo custo e alta sensibilidade. A técnica para certificação da integridade do mel produzido no Brasil, desenvolvida pelo Laboratório Thomson de Espectrometria de Massas, da Universidade Estadual de Campinas (Unicamp), apresenta as três características fundamentais para um bom controle de qualidade.
Os apicultores nacionais conhecem bem as conseqüências de não terem um produto de origem controlada. Em março, a Federação Européia de Comércio de Produtos do Agronegócio teria constatado resíduos de antibiótico no produto brasileiro, o que levou a um embargo – a atitude, segundo produtores, também poderia ter motivações políticas.
O assunto tem sido discutido pelas partes e está longe de ser resolvido. O teste recém-criado permite conhecer a origem do mel (eucalipto, silvestre, laranjeira e assim por diante) e a existência de substâncias estranhas no produto. Os resultados saem em um minuto.
“Por ser um método muito sensível, rápido e simples, acreditamos que possa ser aplicado facilmente por laboratórios nacionais de controle de qualidade”, disse Rodrigo Catharino, pesquisador do Laboratório Thomson.
O equipamento usado, um espectrômetro de massas, gera diversos gráficos, que representam as substâncias existentes nos méis. “Fechamos o foco nos sinais dados pelos triglicerídeos e açúcares. A somatória desses elementos é que permite saber, além da origem, se o mel está adulterado ou não”, explica Catharino.
A parte final do teste consiste na comparação entre amostras que constam do banco de dados montado pelo laboratório – e consideradas de bom padrão de qualidade – com as obtidas no mercado, vendidas normalmente aos consumidores.
Segundo Catharino, uma das maiores surpresas nos testes já feitos foi identificar que a adulteração de uma determinada amostra de mel ocorreu por meio da adição de óleo de soja. Mais comum, segundo as análises feitas em Campinas, é o uso de misturas como caramelo, xarope de glicose ou açúcar invertido, ingrediente muito utilizado na indústria de balas.
“A viabilização das análises para o atendimento do produtor e da população em geral já pode ser feita sem problemas. Esperamos que órgãos de governo se interessem pela transferência de tecnologia”, disse Catharino.
A venda de mel adulterado não acarreta prejuízos apenas para o produtor. Como muitas pessoas ingerem o produto em virtude de certas propriedades químicas, um índice muito alto de adulteração pode ocasionar problemas de saúde. Além do mel, o laboratório da Unicamp faz testes semelhantes com o própolis produzido. O próximo passo será estudar a geléia real.
(Fonte: Eduardo Geraque /Agência FAPESP)
Arqueólogos descobrem sistema de águas de 2.700 anos em Israel
Ambiente Brasil
Arqueólogos das Universidades de Tel Aviv, em Israel e de Heidelberg, na Alemanha, descobriram nos arredores de Jerusalém um sistema para o transporte de água construído no tempo do bíblico Reino da Judéia, há 2.700 anos.
O chefe das escavações, Oded Lifshitz, disse que o sistema, que inclui cisternas subterrâneas, cinco bacias ao ar livre, vários canais no interior da rocha e outros externos, funcionou durante 400 anos e é o primeiro encontrado pelos arqueólogos na antiga Terra de Israel, segundo divulgou nesta terça-feira (22) o jornal "Maariv".
O sistema foi descoberto no kibutz Ramat Rajel, quatro quilômetros a sudeste da cidade de Jerusalém, onde existem traços de ocupação humana de 5 mil anos.
Uma das explicações dos arqueólogos para a existência do sistema é que a rede tenha sido construída por algum dos reis que conquistaram e controlaram a região. Alguns especialistas acreditam que o sistema de águas tenha pertencido ao império da Assíria.
Também foram achados no mesmo local restos de um edifício do período muçulmano, construído entre os anos 750 e 1.000 da Era cristã. (Efe/ Folha Online)
Arqueólogos das Universidades de Tel Aviv, em Israel e de Heidelberg, na Alemanha, descobriram nos arredores de Jerusalém um sistema para o transporte de água construído no tempo do bíblico Reino da Judéia, há 2.700 anos.
O chefe das escavações, Oded Lifshitz, disse que o sistema, que inclui cisternas subterrâneas, cinco bacias ao ar livre, vários canais no interior da rocha e outros externos, funcionou durante 400 anos e é o primeiro encontrado pelos arqueólogos na antiga Terra de Israel, segundo divulgou nesta terça-feira (22) o jornal "Maariv".
O sistema foi descoberto no kibutz Ramat Rajel, quatro quilômetros a sudeste da cidade de Jerusalém, onde existem traços de ocupação humana de 5 mil anos.
Uma das explicações dos arqueólogos para a existência do sistema é que a rede tenha sido construída por algum dos reis que conquistaram e controlaram a região. Alguns especialistas acreditam que o sistema de águas tenha pertencido ao império da Assíria.
Também foram achados no mesmo local restos de um edifício do período muçulmano, construído entre os anos 750 e 1.000 da Era cristã. (Efe/ Folha Online)
sexta-feira, agosto 25, 2006
Índice de hoje
- Teherán paga una media de 25.000 dólares a las familias de los muertos de Hizbolá en la guerra (ABC, Madrid)
- Rusia destrona a Arabia Saudí como primer productor de crudo del mundo (El Pais, Madrid)
- La percée de Ségolène Royal en fait une adversaire coriace pour Nicolas Sarkozy (Le Temps, Genève)
- Rusia destrona a Arabia Saudí como primer productor de crudo del mundo (El Pais, Madrid)
- La percée de Ségolène Royal en fait une adversaire coriace pour Nicolas Sarkozy (Le Temps, Genève)
Teherán paga una media de 25.000 dólares a las familias de los muertos de Hizbolá en la guerra
ABC (Madrid)
por MIKEL AYESTARÁN. SERVICIO ESPECIAL MANSOURI (LÍBANO).
Responsables de Naciones Unidas en Tiro han recibido los primeros informes sobre pagos efectuados a familias de milicianos chiíes muertos en la guerra. Fuentes de este organismo destacan la capacidad que está teniendo el Partido de Dios (Hizbolá) de liderar la reconstrucción al sur del río Litani y en los barrios del sur de Beirut, pero aclaran que Hizbolá pudo recibir «una cantidad cercana a los cinco mil millones de dólares dos días después del alto el fuego y un segundo envío parece que está listo».
Este dinero habría llegado al Líbano desde las oficinas de Hizbolá en Teherán y empezó a utilizarse de forma inmediata. Entonces se lanzaron las promesas de alquileres y reconstrucción de pisos y se comenzó a entregar una cantidad cercana a 25.000 dólares a cada familia de los milicianos caído en combate.
«Es una práctica habitual. Todos sabemos que existen estas transacciones, pero nadie habla claramente de cifras. Nuestros números vienen de fuentes cercanas al partido, muy cercanas. Pero además de Hizbolá, hay que recordar que el Gobierno libanés también paga a las familias de los fallecidos en la guerra y a los heridos, sean de Hizbolá o no, cantidades que pueden llegar a los quince mil dólares», informa Mahmoud Hassen, miembro del equipo diplomático del organismo internacional en Tiro.
Centenares de funerales
La asociación libanesa Al Shahid es un apéndice de la Fundación de los Mártires que funciona en Irán desde la guerra con Irak y ha sido la responsable de elaborar la lista de bajas y enviarla a Teherán. La forma de operar es la misma. La viuda y los hijos del mártir pasan a depender de la asociación. Reciben una paga mensual y los gastos de educación y salud están cubiertos de por vida. En caso de no tener mujer o hijos, son los padres quienes reciben una compensación económica por la pérdida del hijo.
Hizbolá no da cifras oficiales de bajas. Nadie dice cuántos milicianos han muerto en la última guerra, pero en cada pueblo del sur del país se suceden los funerales y hay cientos de familias de luto. Un luto que dura siete días desde que se entierra al mártir. El Ejército libanés, por su parte, calcula que Hizbolá perdió quinientos hombres en los 34 días de lucha.
Ibrahim Haida es el nuevo mártir de Mansouri, un pequeño pueblo a diez kilómetros al sur de Tiro. No hay grandes fotos por la calle, ni pancartas con su nombre ya que su madre se ha negado, pero todos los coches se dirigen a la casa de su familia en lo alto de la colina. Según se avanza hacia el lugar empiezan a aparecer las banderas amarillas de Hizbolá. En la entrada, un cartel reza «defendimos nuestro país y vencimos».
La épica y los beneficios
Su padre y sus dos hermanos permanecen sentados en la puerta y uno tras otro los vecinos acuden a compartir cada jornada de luto con ellos. Ibrahim ha sido el único miembro de Hizbolá que ha perdido la vida en el pueblo y ahora es el personaje más importante. Cada visita masculina estrecha la mano de los varones. Se besan cuatro veces en las mejillas. Las mujeres pasan al interior de la casa y se sientan con la madre y hermanas, que se encargan de que no falte el té.
Todos los vecinos quieren saber cómo murió. Dependiendo de la confianza, la historia varía. Si la relación no es íntima, la versión habla de que Ibrahim estaba con sus ovejas y un avión le disparó. Con los más allegados empieza la épica. «Dos aviones espía le siguieron día y noche durante dos jornadas. Finalmente le localizaron cuando iba en su moto. Le lanzaron un misil y lo esquivó, con el segundo hizo lo mismo, pero el tercero le alcanzó de lleno. Él defendió Mansouri en solitario y le mataron cuando faltaban dos días para terminar la guerra», cuenta entre lágrimas su hermano Hussein.
Nadie habla del tema de las ayudas que va a recibir la familia del muerto porque todos lo conocen de sobra. «Lo único que no podemos devolverles es la vida de sus hijos», reza uno de los carteles de la Fundación de Mártires en las calles de Tiro. La sede central sufrió un ataque durante la guerra y está destrozada. Sus miembros no tienen ahora oficina fija y se mueven de pueblo en pueblo repartiendo la primera ayuda para unas familias que, desde ahora, vivirán intensamente la cultura del mártir. Una cultura que, según ha mostrado la experiencia en Irán o Palestina, asegura nuevos mártires para el futuro.
por MIKEL AYESTARÁN. SERVICIO ESPECIAL MANSOURI (LÍBANO).
Responsables de Naciones Unidas en Tiro han recibido los primeros informes sobre pagos efectuados a familias de milicianos chiíes muertos en la guerra. Fuentes de este organismo destacan la capacidad que está teniendo el Partido de Dios (Hizbolá) de liderar la reconstrucción al sur del río Litani y en los barrios del sur de Beirut, pero aclaran que Hizbolá pudo recibir «una cantidad cercana a los cinco mil millones de dólares dos días después del alto el fuego y un segundo envío parece que está listo».
Este dinero habría llegado al Líbano desde las oficinas de Hizbolá en Teherán y empezó a utilizarse de forma inmediata. Entonces se lanzaron las promesas de alquileres y reconstrucción de pisos y se comenzó a entregar una cantidad cercana a 25.000 dólares a cada familia de los milicianos caído en combate.
«Es una práctica habitual. Todos sabemos que existen estas transacciones, pero nadie habla claramente de cifras. Nuestros números vienen de fuentes cercanas al partido, muy cercanas. Pero además de Hizbolá, hay que recordar que el Gobierno libanés también paga a las familias de los fallecidos en la guerra y a los heridos, sean de Hizbolá o no, cantidades que pueden llegar a los quince mil dólares», informa Mahmoud Hassen, miembro del equipo diplomático del organismo internacional en Tiro.
Centenares de funerales
La asociación libanesa Al Shahid es un apéndice de la Fundación de los Mártires que funciona en Irán desde la guerra con Irak y ha sido la responsable de elaborar la lista de bajas y enviarla a Teherán. La forma de operar es la misma. La viuda y los hijos del mártir pasan a depender de la asociación. Reciben una paga mensual y los gastos de educación y salud están cubiertos de por vida. En caso de no tener mujer o hijos, son los padres quienes reciben una compensación económica por la pérdida del hijo.
Hizbolá no da cifras oficiales de bajas. Nadie dice cuántos milicianos han muerto en la última guerra, pero en cada pueblo del sur del país se suceden los funerales y hay cientos de familias de luto. Un luto que dura siete días desde que se entierra al mártir. El Ejército libanés, por su parte, calcula que Hizbolá perdió quinientos hombres en los 34 días de lucha.
Ibrahim Haida es el nuevo mártir de Mansouri, un pequeño pueblo a diez kilómetros al sur de Tiro. No hay grandes fotos por la calle, ni pancartas con su nombre ya que su madre se ha negado, pero todos los coches se dirigen a la casa de su familia en lo alto de la colina. Según se avanza hacia el lugar empiezan a aparecer las banderas amarillas de Hizbolá. En la entrada, un cartel reza «defendimos nuestro país y vencimos».
La épica y los beneficios
Su padre y sus dos hermanos permanecen sentados en la puerta y uno tras otro los vecinos acuden a compartir cada jornada de luto con ellos. Ibrahim ha sido el único miembro de Hizbolá que ha perdido la vida en el pueblo y ahora es el personaje más importante. Cada visita masculina estrecha la mano de los varones. Se besan cuatro veces en las mejillas. Las mujeres pasan al interior de la casa y se sientan con la madre y hermanas, que se encargan de que no falte el té.
Todos los vecinos quieren saber cómo murió. Dependiendo de la confianza, la historia varía. Si la relación no es íntima, la versión habla de que Ibrahim estaba con sus ovejas y un avión le disparó. Con los más allegados empieza la épica. «Dos aviones espía le siguieron día y noche durante dos jornadas. Finalmente le localizaron cuando iba en su moto. Le lanzaron un misil y lo esquivó, con el segundo hizo lo mismo, pero el tercero le alcanzó de lleno. Él defendió Mansouri en solitario y le mataron cuando faltaban dos días para terminar la guerra», cuenta entre lágrimas su hermano Hussein.
Nadie habla del tema de las ayudas que va a recibir la familia del muerto porque todos lo conocen de sobra. «Lo único que no podemos devolverles es la vida de sus hijos», reza uno de los carteles de la Fundación de Mártires en las calles de Tiro. La sede central sufrió un ataque durante la guerra y está destrozada. Sus miembros no tienen ahora oficina fija y se mueven de pueblo en pueblo repartiendo la primera ayuda para unas familias que, desde ahora, vivirán intensamente la cultura del mártir. Una cultura que, según ha mostrado la experiencia en Irán o Palestina, asegura nuevos mártires para el futuro.
Rusia destrona a Arabia Saudí como primer productor de crudo del mundo
El Pais (Madrid)
Basándose en las cifras que ofrece mensualmente el cártel de estados productores de crudo del mundo, la OPEC, el resultado es claro: Arabia Saudí ha dejado de ser el primer productor del mundo, y todo por culpa de Rusia. Así lo indicaba a mediados de semana el diario londinense The Independent, que recuerda que las cifras reflejan la tendencia de los últimos cuatro años, en los que Rusia ha venido experimentando de vez en cuando picos de producción que superaban el total de lo producido por el estado árabe.
De acuerdo con las cifras de la OPEC, Rusia extrajo en Junio 9.236 millones de barriles al día, 46.000 más que Arabia Saudí, después de experimentar un crecimiento interanual de la producción del 2,3% en los seis primeros meses del año.
¿Capacidad sobrante en Arabia?
La noticia choca con la imagen fuertemente establecida del país del Golfo Pérsico como todopoderoso productor del llamado oro negro, aunque muchos analistas matizan que Arabia Saudí no está extrayendo el crudo al máximo de capacidad, por lo que en determinados momentos Riyadh podría poner las bombas a más ritmo aún que el actual.
Son muchos, sin embargo, quienes opinan justamente lo contrario, argumentando que Arabia Saudí ya produce al límite y que ha estado inflando artificialmente sus datos de reservas, y recordando que ese país ya ha recurrido en momentos anteriores a sobreproducir en sus campos petrolíferos, una práctica que provoca el agotamiento precoz de los yacimientos. Por eso, aseguran, sólo podría aumentar su producción haciendo un tremendo esfuerzo.
Respecto a Rusia, y con el crudo a 70 dólares el barril, la entrada de divisas por los volúmenes de producción está provocando una bonanza económica sin precedentes –los impuestos y tasas sobre la venta de crudo y gas representan el 52% de lo que ingresa el estado-, pero que parece haber tocado techo.
Así lo aseguran expertos de la industria del crudo, que señalan que Rusia produce ya prácticamente en su techo, por lo que calculan que como mucho, la producción podrá crecer un 2% de aquí hasta 2009.
Basándose en las cifras que ofrece mensualmente el cártel de estados productores de crudo del mundo, la OPEC, el resultado es claro: Arabia Saudí ha dejado de ser el primer productor del mundo, y todo por culpa de Rusia. Así lo indicaba a mediados de semana el diario londinense The Independent, que recuerda que las cifras reflejan la tendencia de los últimos cuatro años, en los que Rusia ha venido experimentando de vez en cuando picos de producción que superaban el total de lo producido por el estado árabe.
De acuerdo con las cifras de la OPEC, Rusia extrajo en Junio 9.236 millones de barriles al día, 46.000 más que Arabia Saudí, después de experimentar un crecimiento interanual de la producción del 2,3% en los seis primeros meses del año.
¿Capacidad sobrante en Arabia?
La noticia choca con la imagen fuertemente establecida del país del Golfo Pérsico como todopoderoso productor del llamado oro negro, aunque muchos analistas matizan que Arabia Saudí no está extrayendo el crudo al máximo de capacidad, por lo que en determinados momentos Riyadh podría poner las bombas a más ritmo aún que el actual.
Son muchos, sin embargo, quienes opinan justamente lo contrario, argumentando que Arabia Saudí ya produce al límite y que ha estado inflando artificialmente sus datos de reservas, y recordando que ese país ya ha recurrido en momentos anteriores a sobreproducir en sus campos petrolíferos, una práctica que provoca el agotamiento precoz de los yacimientos. Por eso, aseguran, sólo podría aumentar su producción haciendo un tremendo esfuerzo.
Respecto a Rusia, y con el crudo a 70 dólares el barril, la entrada de divisas por los volúmenes de producción está provocando una bonanza económica sin precedentes –los impuestos y tasas sobre la venta de crudo y gas representan el 52% de lo que ingresa el estado-, pero que parece haber tocado techo.
Así lo aseguran expertos de la industria del crudo, que señalan que Rusia produce ya prácticamente en su techo, por lo que calculan que como mucho, la producción podrá crecer un 2% de aquí hasta 2009.
La percée de Ségolène Royal en fait une adversaire coriace pour Nicolas Sarkozy
Le Temps (Genève)
FRANCE. La probable candidate socialiste se profile comme la grande rivale du ministre de l'Intérieur dans la course présidentielle. Mais le duel «Sarko-Ségo» tiendra-t-il jusqu'au second tour?
por Sylvain Besson, Paris
C'est le casting qui fait rêver les observateurs de la scène politique française depuis des mois. «Sarko» contre «Ségo», le surdoué de la droite contre la «madone des sondages» qui mène le bal des présidentiables à gauche. Grâce à sa rentrée fracassante (LT du 22.8.06), Ségolène Royal émerge comme une adversaire redoutable pour Nicolas Sarkozy, au moment où la campagne en vue de l'élection présidentielle de 2007 entre dans sa phase décisive.
Politiciens préférés
Semaine après semaine, les enquêtes d'opinion confirment que «Sarko» et «Ségo» restent les politiciens préférés des Français. S'ils s'affrontaient au second tour, leur duel pourrait être serré: selon un sondage publié jeudi par Le Point, Nicolas Sarkozy l'emporterait avec 51% des voix, contre 49% à Ségolène Royal.
Compte tenu de la marge d'erreur, ce résultat montre que les deux concurrents sont quasiment à égalité. «Une candidature de Ségolène Royal présenterait une difficulté pour Sarkozy», commente Jean-François Doridot de l'institut Ipsos, qui a réalisé le sondage. «Il entend incarner le changement mais, face à elle, il risque d'apparaître comme un vieux de la vieille.» A l'inverse, sa concurrente bénéficierait d'un «effet femme» qui renforcerait son attrait principal, la nouveauté.
Nicolas Sarkozy prend-il la menace au sérieux? Au début de l'année, l'hypothèse d'une candidature Royal lui paraissait farfelue. «Celui qu'il craignait vraiment, c'était Jospin», raconte un journaliste qui l'a interviewé à cette époque. Le ministre de l'Intérieur se permettait même de complimenter sa rivale: «C'est quelqu'un pour qui j'ai du respect depuis bien longtemps», déclarait-il le 12 janvier.
Le ton a bien changé depuis. Alors que Ségolène Royal dénonce la «faillite absolue» de Nicolas Sarkozy dans la lutte contre l'insécurité, ce dernier l'accuse de «démagogie et d'irresponsabilité» en matière d'immigration. Valérie Pécresse, jeune et blonde porte-parole de l'UMP, le parti de Nicolas Sarkozy, a décrit Ségolène Royal comme étant «l'image sans le son» - allusion à ses talents oratoires limités, qui contrastent avec ses photos impeccables sur les couvertures des magazines.
Ces échanges d'amabilités mis à part, les deux présidentiables ont beaucoup en commun. Ils sont relativement jeunes (Ségolène Royal aura 53 ans en septembre, Nicolas Sarkozy 52 ans en janvier), ce qui les distingue d'une classe politique longtemps dominée par des sexa ou septuagénaires (Lionel Jospin a 69 ans, Jacques Chirac bientôt 74). Ils s'efforcent d'incarner la «rupture» avec les courants qui monopolisent le pouvoir depuis un quart de siècle, le chiraquisme et le socialisme des «éléphants» mitterrandiens. Ils exaltent des valeurs autrefois «réac» comme le mérite, l'effort et l'ordre. Ils mènent une campagne permanente, à base de phrases chocs et de déplacements médiatisés, qui leur garantit une présence constante dans l'opinion.
Surtout, il y a un contraste flagrant entre ces nouveaux aspirants à la fonction suprême et leurs prédécesseurs. Jusqu'à présent, le profil type du président de la Ve République était un personnage monarchique, plein de componction, tenant un discours ampoulé sur la grandeur de la France, la paix mondiale et le progrès social. Leurs partisans espèrent qu'un président Sarkozy ou une présidente Royal seraient très différents: pas des statues du commandeur, mais des dirigeants s'impliquant concrètement dans les problèmes d'emploi, de pouvoir d'achat, d'environnement et d'éducation.
Bien sûr, rien n'est encore joué. A huit mois de l'élection présidentielle, aucun expert ne se hasarde à prédire que Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal seront vraiment présents au second tour. La position de la socialiste reste précaire: d'ici à novembre, lorsque les militants de son parti désigneront leur candidat, elle devra conforter son avance sur les «éléphants». Mais, pour l'instant, le duel entre «Sarko» et «Ségo» semble être ce qui répond le mieux à la soif de changement des Français.
FRANCE. La probable candidate socialiste se profile comme la grande rivale du ministre de l'Intérieur dans la course présidentielle. Mais le duel «Sarko-Ségo» tiendra-t-il jusqu'au second tour?
por Sylvain Besson, Paris
C'est le casting qui fait rêver les observateurs de la scène politique française depuis des mois. «Sarko» contre «Ségo», le surdoué de la droite contre la «madone des sondages» qui mène le bal des présidentiables à gauche. Grâce à sa rentrée fracassante (LT du 22.8.06), Ségolène Royal émerge comme une adversaire redoutable pour Nicolas Sarkozy, au moment où la campagne en vue de l'élection présidentielle de 2007 entre dans sa phase décisive.
Politiciens préférés
Semaine après semaine, les enquêtes d'opinion confirment que «Sarko» et «Ségo» restent les politiciens préférés des Français. S'ils s'affrontaient au second tour, leur duel pourrait être serré: selon un sondage publié jeudi par Le Point, Nicolas Sarkozy l'emporterait avec 51% des voix, contre 49% à Ségolène Royal.
Compte tenu de la marge d'erreur, ce résultat montre que les deux concurrents sont quasiment à égalité. «Une candidature de Ségolène Royal présenterait une difficulté pour Sarkozy», commente Jean-François Doridot de l'institut Ipsos, qui a réalisé le sondage. «Il entend incarner le changement mais, face à elle, il risque d'apparaître comme un vieux de la vieille.» A l'inverse, sa concurrente bénéficierait d'un «effet femme» qui renforcerait son attrait principal, la nouveauté.
Nicolas Sarkozy prend-il la menace au sérieux? Au début de l'année, l'hypothèse d'une candidature Royal lui paraissait farfelue. «Celui qu'il craignait vraiment, c'était Jospin», raconte un journaliste qui l'a interviewé à cette époque. Le ministre de l'Intérieur se permettait même de complimenter sa rivale: «C'est quelqu'un pour qui j'ai du respect depuis bien longtemps», déclarait-il le 12 janvier.
Le ton a bien changé depuis. Alors que Ségolène Royal dénonce la «faillite absolue» de Nicolas Sarkozy dans la lutte contre l'insécurité, ce dernier l'accuse de «démagogie et d'irresponsabilité» en matière d'immigration. Valérie Pécresse, jeune et blonde porte-parole de l'UMP, le parti de Nicolas Sarkozy, a décrit Ségolène Royal comme étant «l'image sans le son» - allusion à ses talents oratoires limités, qui contrastent avec ses photos impeccables sur les couvertures des magazines.
Ces échanges d'amabilités mis à part, les deux présidentiables ont beaucoup en commun. Ils sont relativement jeunes (Ségolène Royal aura 53 ans en septembre, Nicolas Sarkozy 52 ans en janvier), ce qui les distingue d'une classe politique longtemps dominée par des sexa ou septuagénaires (Lionel Jospin a 69 ans, Jacques Chirac bientôt 74). Ils s'efforcent d'incarner la «rupture» avec les courants qui monopolisent le pouvoir depuis un quart de siècle, le chiraquisme et le socialisme des «éléphants» mitterrandiens. Ils exaltent des valeurs autrefois «réac» comme le mérite, l'effort et l'ordre. Ils mènent une campagne permanente, à base de phrases chocs et de déplacements médiatisés, qui leur garantit une présence constante dans l'opinion.
Surtout, il y a un contraste flagrant entre ces nouveaux aspirants à la fonction suprême et leurs prédécesseurs. Jusqu'à présent, le profil type du président de la Ve République était un personnage monarchique, plein de componction, tenant un discours ampoulé sur la grandeur de la France, la paix mondiale et le progrès social. Leurs partisans espèrent qu'un président Sarkozy ou une présidente Royal seraient très différents: pas des statues du commandeur, mais des dirigeants s'impliquant concrètement dans les problèmes d'emploi, de pouvoir d'achat, d'environnement et d'éducation.
Bien sûr, rien n'est encore joué. A huit mois de l'élection présidentielle, aucun expert ne se hasarde à prédire que Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal seront vraiment présents au second tour. La position de la socialiste reste précaire: d'ici à novembre, lorsque les militants de son parti désigneront leur candidat, elle devra conforter son avance sur les «éléphants». Mais, pour l'instant, le duel entre «Sarko» et «Ségo» semble être ce qui répond le mieux à la soif de changement des Français.
quinta-feira, agosto 24, 2006
Índice de hoje
- La guerra libanesa-israelí escindió la unidad del mundo árabe (Novosti, Moscovo)
- «Le choix était entre la peste et le choléra» (Le Temps, Genève)
- Des cellules souches sans tuer l'embryon (Le Temps, Genève)
- «Le choix était entre la peste et le choléra» (Le Temps, Genève)
- Des cellules souches sans tuer l'embryon (Le Temps, Genève)
La guerra libanesa-israelí escindió la unidad del mundo árabe
Novosti (Moscovo)
Víctor Litovkin, RIA Novosti. Cuando solicité una entrevista al presidente de la Academia de Ciencias Militares, Majmut Gareev, le expliqué que me interesaban la táctica y el arte operativo que emplearon las partes involucradas en el conflicto libanés-israelí.
Al reunirnos, el general encauzó la conversación hacia un tema algo distinto y dio valoraciones políticas a la recién terminada guerra.
"Es imposible separar la guerra de la política porque resultaría una cosa poco seria -afirmó-. La táctica y el arte de la guerra al nivel operativo no son más que derivados de las tareas políticas planteadas ante las tropas".
A juicio de Gareev, el secuestro de los dos soldados israelíes por Hezbollah fue sólo un pretexto para iniciar la ofensiva. "Todos saben que el servicio secreto israelí Mossad es el mejor del mundo y había rescatado a sus ciudadanos incluso en África, y nada le costaría haberlo hecho también en Líbano -comentó-. Pero aquí el objetivo era distinto porque Tel Aviv ha estado actuando en connivencia con Washington, que ardía en deseos de involucrar en la guerra a Siria e Irán para así poder atacarlos y asestar golpes contra las plantas iraníes de enriquecimiento de uranio".
"Pues ese guión ha quedado sin realizar y es una clara victoria de Damasco y de Teherán, así como de toda la comunidad internacional", dijo el experto.
"Al mismo tiempo es comprensible el proceder de Tel Aviv -prosiguió-. Resulta un gran problema tener al otro lado de la frontera a una organización tan incontrolable como Hezbollah, dispuesta a atacar y matar en cualquier momento. Ello preocupa a Israel, pero éste debe saber defenderse de otra manera: asestar golpes con armas de alta precisión, emplear grupos de comandos, valerse más de los servicios de inteligencia, etc. Nunca podrán ser justificados los bombardeos masivos de la población civil y la matanza de ancianos y niños".
"Verdad es que el mundo árabe es bastante heterogéneo -observó Gareev-. Los países musulmanes no han asumido una postura única, no respaldaron a Hezbollah y no condenaron a Israel".
Señaló que en el transcurso de la guerra libanesa-israelí se ha podido observar un fenómeno nuevo y bastante raro. "Se trata del Ejército libanés, que no sólo no ha defendido a su país, sino que ni siquiera se había planteado esa tarea -manifestó-. ¿Para qué entonces se necesita tal Ejército? ¿Por qué lo mantiene el pueblo libanés?"
En opinión del experto, hay teóricos que promueven el concepto de guerras "sin contacto", cuando todos los golpes son asestados con misiles lanzados desde aire o mar sin necesidad de contactar directamente con el Ejército enemigo. ¿Quién se ve más castigado con esos golpes? Pues la población civil, y también las ciudades, las instalaciones industriales, el sistema energético, los puentes y carreteras, escuelas, hospitales... Los teóricos aseguran que cuando todo quede destruido, el enemigo se rendirá.
"Huelga decir que lanzar operaciones de ese tipo es un crimen contra la humanidad -comenta Gareev-. La ONU debe prohibir bombardear ciudades y atacar a la población civil".
El experto señala que la destrucción de los puentes y carreteras y la matanza de civiles en Líbano no ha? traído la victoria al Ejército de Israel. Las guerrillas son invencibles si las apoya la población. Además, las guerrillas no se desplazan por las carreteras ni se esconden en las ciudades puesto que tienen refugios, escondrijos, bases de apoyo logístico, etc., donde pueden ocultarse eficazmente. Allí está su fuerza, y ha sido un grave error de los militares israelíes el no haber descubierto esos sitios antes de empezar la operación militar.
"Otra cosa que me llama la atención es que Tel Aviv justifica sus reveses militares con que Hezbollah aprovecha armas de fabricación rusa -dice el general-. En particular, se menciona el lanzagranadas antitanque RPG-29 Vampir que, efectivamente, es una excelente arma, pero no logro entender por qué se considera que lo había suministrado precisamente Rusia".
Gareev afirma que lo podían haber suministrado tanto Ucrania como Bielorrusia, o cualquier otro país. Polonia, Bulgaria, Rumania y Hungría se están deshaciendo del armamento soviético para adoptar el de la OTAN. El Ejército israelí, por ejemplo, está dotado con armamento norteamericano y a nadie se le ocurre protestar y preguntar qué hace el armamento 'made in USA' en Israel.
"Al fin de cuentas todo es política -explica el experto militar-. Las guerrillas de Hezbollah son dueños en Líbano, tienen dónde refugiarse, saben tender emboscadas, cuentan con un eficaz servicio de inteligencia... Y lo más importante, tiene el apoyo de la población, un factor difícil de sobrestimar".
"Los problemas que hoy afronta Oriente Próximo se necesitará solucionarlos tarde o temprano por vía negociadora, y mientras más rápido se hace mejor será para Israel, para sus vecinos y para las fuerzas que están detrás de ellos", opina el general Gareev.
Víctor Litovkin, RIA Novosti. Cuando solicité una entrevista al presidente de la Academia de Ciencias Militares, Majmut Gareev, le expliqué que me interesaban la táctica y el arte operativo que emplearon las partes involucradas en el conflicto libanés-israelí.
Al reunirnos, el general encauzó la conversación hacia un tema algo distinto y dio valoraciones políticas a la recién terminada guerra.
"Es imposible separar la guerra de la política porque resultaría una cosa poco seria -afirmó-. La táctica y el arte de la guerra al nivel operativo no son más que derivados de las tareas políticas planteadas ante las tropas".
A juicio de Gareev, el secuestro de los dos soldados israelíes por Hezbollah fue sólo un pretexto para iniciar la ofensiva. "Todos saben que el servicio secreto israelí Mossad es el mejor del mundo y había rescatado a sus ciudadanos incluso en África, y nada le costaría haberlo hecho también en Líbano -comentó-. Pero aquí el objetivo era distinto porque Tel Aviv ha estado actuando en connivencia con Washington, que ardía en deseos de involucrar en la guerra a Siria e Irán para así poder atacarlos y asestar golpes contra las plantas iraníes de enriquecimiento de uranio".
"Pues ese guión ha quedado sin realizar y es una clara victoria de Damasco y de Teherán, así como de toda la comunidad internacional", dijo el experto.
"Al mismo tiempo es comprensible el proceder de Tel Aviv -prosiguió-. Resulta un gran problema tener al otro lado de la frontera a una organización tan incontrolable como Hezbollah, dispuesta a atacar y matar en cualquier momento. Ello preocupa a Israel, pero éste debe saber defenderse de otra manera: asestar golpes con armas de alta precisión, emplear grupos de comandos, valerse más de los servicios de inteligencia, etc. Nunca podrán ser justificados los bombardeos masivos de la población civil y la matanza de ancianos y niños".
"Verdad es que el mundo árabe es bastante heterogéneo -observó Gareev-. Los países musulmanes no han asumido una postura única, no respaldaron a Hezbollah y no condenaron a Israel".
Señaló que en el transcurso de la guerra libanesa-israelí se ha podido observar un fenómeno nuevo y bastante raro. "Se trata del Ejército libanés, que no sólo no ha defendido a su país, sino que ni siquiera se había planteado esa tarea -manifestó-. ¿Para qué entonces se necesita tal Ejército? ¿Por qué lo mantiene el pueblo libanés?"
En opinión del experto, hay teóricos que promueven el concepto de guerras "sin contacto", cuando todos los golpes son asestados con misiles lanzados desde aire o mar sin necesidad de contactar directamente con el Ejército enemigo. ¿Quién se ve más castigado con esos golpes? Pues la población civil, y también las ciudades, las instalaciones industriales, el sistema energético, los puentes y carreteras, escuelas, hospitales... Los teóricos aseguran que cuando todo quede destruido, el enemigo se rendirá.
"Huelga decir que lanzar operaciones de ese tipo es un crimen contra la humanidad -comenta Gareev-. La ONU debe prohibir bombardear ciudades y atacar a la población civil".
El experto señala que la destrucción de los puentes y carreteras y la matanza de civiles en Líbano no ha? traído la victoria al Ejército de Israel. Las guerrillas son invencibles si las apoya la población. Además, las guerrillas no se desplazan por las carreteras ni se esconden en las ciudades puesto que tienen refugios, escondrijos, bases de apoyo logístico, etc., donde pueden ocultarse eficazmente. Allí está su fuerza, y ha sido un grave error de los militares israelíes el no haber descubierto esos sitios antes de empezar la operación militar.
"Otra cosa que me llama la atención es que Tel Aviv justifica sus reveses militares con que Hezbollah aprovecha armas de fabricación rusa -dice el general-. En particular, se menciona el lanzagranadas antitanque RPG-29 Vampir que, efectivamente, es una excelente arma, pero no logro entender por qué se considera que lo había suministrado precisamente Rusia".
Gareev afirma que lo podían haber suministrado tanto Ucrania como Bielorrusia, o cualquier otro país. Polonia, Bulgaria, Rumania y Hungría se están deshaciendo del armamento soviético para adoptar el de la OTAN. El Ejército israelí, por ejemplo, está dotado con armamento norteamericano y a nadie se le ocurre protestar y preguntar qué hace el armamento 'made in USA' en Israel.
"Al fin de cuentas todo es política -explica el experto militar-. Las guerrillas de Hezbollah son dueños en Líbano, tienen dónde refugiarse, saben tender emboscadas, cuentan con un eficaz servicio de inteligencia... Y lo más importante, tiene el apoyo de la población, un factor difícil de sobrestimar".
"Los problemas que hoy afronta Oriente Próximo se necesitará solucionarlos tarde o temprano por vía negociadora, y mientras más rápido se hace mejor será para Israel, para sus vecinos y para las fuerzas que están detrás de ellos", opina el general Gareev.
«Le choix était entre la peste et le choléra»
Le Temps (Genève)
PROCHE-ORIENT. Interview de Colette Avital, figure de la gauche politique israélienne.
por Luis Lema
Pour la députée travailliste israélienne Colette Avital, les choses sont claires: Israël n'avait pas d'autre choix que de mener la guerre au Liban. Elle critique vivement les réactions de la cheffe de la diplomatie suisse, Micheline Calmy-Rey, mais s'interroge aussi sur la place que doit jouer aujourd'hui son parti dans la politique israélienne.
Le Temps: Une question est désormais sur toutes les lèvres: Israël a-t-il perdu la guerre?
Colette Avital:Il ne faut pas se vanter d'un côté ou de l'autre d'avoir remporté cette guerre. Il ne s'agit pas d'un conflit classique, mais d'une guerre contre une guérilla, qui n'a pas de fin. Nous avons découvert que 13000 missiles étaient dirigés sur nous, et il fallait éliminer ce danger existentiel. En ce sens, oui, même s'il ne s'agit pas d'une victoire militaire (il aurait fallu plus de temps pour cela) nous avons atteint l'objectif fixé. L'armée libanaise et une force internationale vont désormais remplacer le Hezbollah au sud du Liban. Si nous n'avions pas pris l'initiative, personne ne l'aurait fait pour nous.
- Pourtant, à peu près tout le monde s'accorde à dire que la réponse israélienne était disproportionnée...
- Dans une guerre, tout est disproportionné. Les 250 fusées qui tombaient par jour sur Israël étaient disproportionnées, le million d'Israéliens qui ont dû fuir leur maison, c'était disproportionné. Mais je n'ai pas entendu votre ministre des Affaires étrangères, ou d'autres chancelleries, se plaindre de cette disproportion.
- Les observateurs et organisations internationales vous accusent d'avoir délibérément attaqué des cibles civiles. Que répondez-vous?
- Ceux qui nous accusent devraient mieux se renseigner pour savoir où étaient cachés les missiles du Hezbollah. Il faut essayer de comprendre que la population israélienne, au contraire, est furieuse parce qu'elle considère qu'on a joué avec la vie de nos soldats. Notre armée avait le choix entre l'usage de l'aviation ou des forces terrestres. Beaucoup de nos soldats sont morts parce que nous avons choisi la deuxième option, afin, précisément, d'éviter la mort de civils libanais.
Saviez-vous, par exemple, que des combattants du Hezbollah se sont regroupés à l'intérieur de mosquées. Qu'aurait dit votre ministre si nous avions décidé de bombarder les mosquées au lieu d'engager des combats au corps à corps?
- En Israël même, beaucoup de critiques concernent aussi l'état d'impréparation dans lequel se trouvait l'armée. Fallait-il lancer une guerre dans ces conditions?
- Je partage en partie ces critiques. S'il vous faut une preuve qu'Israël n'a pas mis à exécution un rêve planifié de longue date, songez à ceci. Les réservistes n'étaient pas entraînés, les services de renseignement n'avaient pas suffisamment mis en garde, les abris pour la population n'étaient pas prêts... En fait, rien n'était prêt.
Dans ces conditions, je pense effectivement que nous aurions pu attendre une semaine de plus. Mais se laissant convaincre par les militaires, les ministres se sont dit que l'on pouvait rapidement asséner un coup décisif au Hezbollah et détruire une partie importante de son effectif. Au début, il ne devait s'agir que d'une opération très limitée dans le temps.
- Vous dites que vous répondiez à une menace existentielle. Mais en réagissant comme vous l'avez fait, n'avez-vous pas rendu votre adversaire plus fort? Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, n'a jamais semblé si populaire...
- Et que fallait-il faire? Le choix était entre la lèpre et le choléra. Nous ne pouvions pas rester sans nous défendre. Car cela, Nasrallah l'aurait interprété comme un signe de faiblesse.
- C'est le chef des travaillistes, Amir Peretz, qui conduisait les opérations au Ministère de la défense. Votre parti va-t-il en souffrir?
- Peretz s'est trouvé dans une situation dramatique. S'il a accepté le Ministère de la défense, c'était pour y procéder à des coupures budgétaires et rediriger l'argent vers le social et l'éducation. Dieu sait si ses idées étaient valables et importantes. C'est pour cela que l'électorat nous avait fait confiance et que nous avons intégré le gouvernement. Mais au lieu de cela, voilà que nous faisons la guerre. Beaucoup de gens sont aujourd'hui amenés à se poser des questions.
- Les travaillistes doivent-ils se retirer du gouvernement?
- Nous devons nous poser la question sérieusement. Il faudra faire la pesée des intérêts entre nos moyens d'influencer les décisions au gouvernement et notre responsabilité. La guerre a coûté 6 milliards de shekels (1,7 milliard de francs), et tout le nord du pays est détruit. Or, où sera pris l'argent? Dans le social? D'importantes décisions devront être prises.
- Et les Palestiniens? Est-ce, comme on le dit, la fin du «retrait unilatéral» envisagé en Cisjordanie?
- J'en ai bien peur. L'opinion publique israélienne est extrêmement blessée et pessimiste. Désormais, les gens se disent que même si nous revenons à nos frontières reconnues, nos ennemis continueront à souhaiter notre fin. Or personne, en Israël, n'a envie de se suicider.
PROCHE-ORIENT. Interview de Colette Avital, figure de la gauche politique israélienne.
por Luis Lema
Pour la députée travailliste israélienne Colette Avital, les choses sont claires: Israël n'avait pas d'autre choix que de mener la guerre au Liban. Elle critique vivement les réactions de la cheffe de la diplomatie suisse, Micheline Calmy-Rey, mais s'interroge aussi sur la place que doit jouer aujourd'hui son parti dans la politique israélienne.
Le Temps: Une question est désormais sur toutes les lèvres: Israël a-t-il perdu la guerre?
Colette Avital:Il ne faut pas se vanter d'un côté ou de l'autre d'avoir remporté cette guerre. Il ne s'agit pas d'un conflit classique, mais d'une guerre contre une guérilla, qui n'a pas de fin. Nous avons découvert que 13000 missiles étaient dirigés sur nous, et il fallait éliminer ce danger existentiel. En ce sens, oui, même s'il ne s'agit pas d'une victoire militaire (il aurait fallu plus de temps pour cela) nous avons atteint l'objectif fixé. L'armée libanaise et une force internationale vont désormais remplacer le Hezbollah au sud du Liban. Si nous n'avions pas pris l'initiative, personne ne l'aurait fait pour nous.
- Pourtant, à peu près tout le monde s'accorde à dire que la réponse israélienne était disproportionnée...
- Dans une guerre, tout est disproportionné. Les 250 fusées qui tombaient par jour sur Israël étaient disproportionnées, le million d'Israéliens qui ont dû fuir leur maison, c'était disproportionné. Mais je n'ai pas entendu votre ministre des Affaires étrangères, ou d'autres chancelleries, se plaindre de cette disproportion.
- Les observateurs et organisations internationales vous accusent d'avoir délibérément attaqué des cibles civiles. Que répondez-vous?
- Ceux qui nous accusent devraient mieux se renseigner pour savoir où étaient cachés les missiles du Hezbollah. Il faut essayer de comprendre que la population israélienne, au contraire, est furieuse parce qu'elle considère qu'on a joué avec la vie de nos soldats. Notre armée avait le choix entre l'usage de l'aviation ou des forces terrestres. Beaucoup de nos soldats sont morts parce que nous avons choisi la deuxième option, afin, précisément, d'éviter la mort de civils libanais.
Saviez-vous, par exemple, que des combattants du Hezbollah se sont regroupés à l'intérieur de mosquées. Qu'aurait dit votre ministre si nous avions décidé de bombarder les mosquées au lieu d'engager des combats au corps à corps?
- En Israël même, beaucoup de critiques concernent aussi l'état d'impréparation dans lequel se trouvait l'armée. Fallait-il lancer une guerre dans ces conditions?
- Je partage en partie ces critiques. S'il vous faut une preuve qu'Israël n'a pas mis à exécution un rêve planifié de longue date, songez à ceci. Les réservistes n'étaient pas entraînés, les services de renseignement n'avaient pas suffisamment mis en garde, les abris pour la population n'étaient pas prêts... En fait, rien n'était prêt.
Dans ces conditions, je pense effectivement que nous aurions pu attendre une semaine de plus. Mais se laissant convaincre par les militaires, les ministres se sont dit que l'on pouvait rapidement asséner un coup décisif au Hezbollah et détruire une partie importante de son effectif. Au début, il ne devait s'agir que d'une opération très limitée dans le temps.
- Vous dites que vous répondiez à une menace existentielle. Mais en réagissant comme vous l'avez fait, n'avez-vous pas rendu votre adversaire plus fort? Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, n'a jamais semblé si populaire...
- Et que fallait-il faire? Le choix était entre la lèpre et le choléra. Nous ne pouvions pas rester sans nous défendre. Car cela, Nasrallah l'aurait interprété comme un signe de faiblesse.
- C'est le chef des travaillistes, Amir Peretz, qui conduisait les opérations au Ministère de la défense. Votre parti va-t-il en souffrir?
- Peretz s'est trouvé dans une situation dramatique. S'il a accepté le Ministère de la défense, c'était pour y procéder à des coupures budgétaires et rediriger l'argent vers le social et l'éducation. Dieu sait si ses idées étaient valables et importantes. C'est pour cela que l'électorat nous avait fait confiance et que nous avons intégré le gouvernement. Mais au lieu de cela, voilà que nous faisons la guerre. Beaucoup de gens sont aujourd'hui amenés à se poser des questions.
- Les travaillistes doivent-ils se retirer du gouvernement?
- Nous devons nous poser la question sérieusement. Il faudra faire la pesée des intérêts entre nos moyens d'influencer les décisions au gouvernement et notre responsabilité. La guerre a coûté 6 milliards de shekels (1,7 milliard de francs), et tout le nord du pays est détruit. Or, où sera pris l'argent? Dans le social? D'importantes décisions devront être prises.
- Et les Palestiniens? Est-ce, comme on le dit, la fin du «retrait unilatéral» envisagé en Cisjordanie?
- J'en ai bien peur. L'opinion publique israélienne est extrêmement blessée et pessimiste. Désormais, les gens se disent que même si nous revenons à nos frontières reconnues, nos ennemis continueront à souhaiter notre fin. Or personne, en Israël, n'a envie de se suicider.
Des cellules souches sans tuer l'embryon
Le Temps (Genève)
• Aujourd'hui, il faut détruire l'embryon pour se procurer des cellules souches embryonnaires.
• Cette action est la raison de l'objection des opposants à de telles recherches.
• Des biologistes ont réussi à éviter cet écueil en assurant la survie de l'embryon.
por Olivier Dessibourg
C'est une étape capitale pour la médecine régénératrice: des chercheurs américains sont parvenus à produire des lignées de cellules souches humaines tout en évitant la destruction de l'embryon associé. Après le scandale lié à la falsification de résultats scientifiques par des chercheurs sud-coréens, cette étude, publiée aujourd'hui dans la revue de référence Nature , va donner un coup de fouet à un domaine de recherche prometteur, mais aussi lourd de préoccupations éthiques.
Les cellules souches peuvent être vues comme des «pièces de rechange» du corps humain. Non différenciées, elles ne ressemblent à aucune cellule de l'organisme. Sur commande génétique, elles se spécifient pour créer ou régénérer un organe. Le tout en se démultipliant aussi, ce qui permet de maintenir un réservoir de cellules souches non différenciées.
Parmi les types existant (voir infographie), celles qui sont prélevées chez l'embryon de quelques jours sont les plus intéressantes, car les plus «plastiques». Les scientifiques avancent qu'elles pourraient être injectées dans les tissus et organes endommagés pour les régénérer et ainsi soigner diverses maladies.
La technique utilisée pour se les procurer fait l'objet d'un vaste débat, notamment ces dernières semaines aux Etats-Unis. Les chercheurs recourent en effet à des embryons surnuméraires procréés lors de fécondations in vitro (FIV). Lorsque ceux-ci atteignent le stade de blastocyste, soit un embryon d'environ 200 cellules, ils doivent les détruire pour utiliser et étudier les cellules souches logées à l'intérieur. Cette destruction constitue la principale objection des opposants à ces recherches (lire ci-dessous). C'est cet écueil qu'ont pourtant réussi à éviter Robert Lanza et son équipe d'Advanced Cell Technologies, société basée à Worcester (Massachusetts).
Ce biologiste s'est basé sur une pratique médicale largement éprouvée mais encore controversée – elle est interdite en Suisse: le diagnostic préimplantatoire (DPI). Celui-ci se déroule sur un embryon à peine fécondé par FIV, qui contient alors huit cellules souches (appelées blastomères); les médecins en prélèvent une pour déceler une éventuelle anomalie dans le code génétique, susceptible de causer une maladie chez le futur bébé. Si tout est en ordre, l'embryon peut être implanté après avoir été amené au stade de blastocyste.
Rob Lanza a procédé identiquement sur 16 embryons. Mais au lieu d'analyser le blastomère prélevé, il a à chaque fois mis cette cellule souche en culture. «Or c'est là que réside toute la difficulté, car ces cellules n'aiment pas être seules, et dépérissent vite», explique-t-il au téléphone.
Mais Rob Lanza n'est pas le dernier venu. Déjà, il affirmait être en passe de réussir le premier clonage thérapeutique, avant de se faire doubler par les chercheurs sud-coréens, dont on sait aujourd'hui qu'ils ont fraudé. Et en octobre dernier, il annonçait dans Nature avoir dérivé des cellules souches à partir de blastomères... de souris.
Pour reproduire l'expérience avec du matériel humain, et réussir là où nombre d'autres équipes se sont cassé les dents, il lui a donc d'abord fallu trouver le milieu de culture approprié – un mélange de cellules souches humaines et de fibroblastes animaux, des cellules dites «nourricières».
Résultat: avec six des embryons considérés comme les plus parfaits, il a obtenu deux lignées de cellules souches de 50 à 100 cellules. Soit un taux de succès de 33%, qui «équivaut à celui qu'on peut atteindre avec la méthode usuelle, impliquant un blastocyste». Et d'ajouter: «Ces cellules souches présentaient les propriétés habituelles: elles pouvaient tant se dédoubler qu'être spécifiées in vitro en des cellules d'intérêt thérapeutique. Mais des études supplémentaires sont nécessaires pour vérifier leur fonctionnalité.»
Et quid de l'embryon donneur? «Il se développait normalement, comme dans le cas d'un DPI. A ce sujet, des études suggèrent que ni le taux de survie ni la maturation ultérieure ou les chances d'implantation ne diffèrent entre un embryon humain intact au stade de blastocyste et ceux qui ont subi l'extraction d'une cellule pour un DPI.» Et le biologiste de noter encore que «2000 bébés sont déjà nés après un tel DPI, et sont en bonne santé. Toutefois, je ne conseille pas de procéder à l'extraction routinière d'un blastomère lors d'une FIV. Car, concernant l'utilisation ultérieure de l'embryon, cela ajoute un risque à l'opération, même s'il est faible. Nous avons encore besoin de données scientifiques à ce sujet».
Selon Rob Lanza, la prochaine étape consiste à refaire l'expérience, mais en se passant des cellules nourricières animales, avant d'éviter tout problème de transmission de virus et d'approcher une situation pratique médicale optimale.
«Ces résultats sont très importants»
Marisa Jaconi, biologiste des cellules souches à l'Université de Genève, commente l'étude.
por Olivier Dessibourg
Le Temps: Qu'en pensez-vous?
Marisa Jaconi : Ces résultats sont très importants. Et certainement fiables. Car, après la crise liée à la fraude sud-coréenne dans ce domaine, la revue qui les publie a dû mener des vérifications poussées...
– Quelles en sont les implications?
– D'abord, cette méthode permet d'éviter de détruire l'embryon lors du prélèvement de la cellule qui sera utilisée pour créer la lignée de cellules souches. Ceci contrairement à la technique utilisée aujourd'hui, que critiquent nombre d'opposants. L'autre aspect crucial est qu'il nous sera possible d'étudier certaines maladies génétiques dès leur origine. Car on ne connaît pas encore bien les causes. Ainsi, si lors d'un diagnostic préimplantatoire sur un embryon, on s'aperçoit que celui-ci présente une anomalie génétique, le fait de disposer de ses cellules est précieux: en les dérivant, on pourrait mieux comprendre comment la maladie se manifeste progressivement lors des différents stades du développement embryonnaire, voire fœtal.
– L e débat éthique lié à l'embryon ne pourrait-il pas se déplacer sur la cellule prélevée?
– Théoriquement, il semble possible, à partir d'une cellule extraite d'un embryon qui en a au plus huit (on appelle alors ces cellules des «blastomères»), de recréer un autre embryon. Celle-ci est en effet totipotente: elle peut recréer un embryon, en plus de spécifier en n'importe quelle cellule du corps humain. Or, on pense qu'il est aussi possible de «reformater» certaines cellules souches d'adultes, dites seulement multipotentes parce qu'elles ont un potentiel de spécification limité. Mais alors, une cellule souche adulte pourrait-elle aussi redevenir un blastomère? Théoriquement et potentiellement, oui. Mais on ne sait pas encore le faire chez l'homme. On pourrait en effet réveiller cette propriété de totipotence à différents stades du développement du corps humain. La notion de potentialité devient alors le nœud de la discussion. Et, en fait, le débat éthique pourrait se déplacer à la cellule. Mais, en réalité, il ne faut pas pour autant conférer à toutes les cellules du corps le statut potentiel d'un «être humain en devenir».
– Est-il imaginable que, lors de fécondations «in vitro» (FIV), on prélève systématiquement une de ces huit cellules d'embryons, dans l'idée qu'elle sera un jour utile aux adultes qu'ils deviendront?
– En effet, les cellules souches dérivées de ce blastomère, qui seraient génétiquement identiques à celles de l'embryon, pourraient servir un jour à soigner la personne qui est née de cet embryon. Pour régénérer son cœur après une crise cardiaque, par exemple. Mais, pour l'instant, l'idée n'est ni réalisable ni généralisable. Parce qu'elle n'est pas financièrement viable. Et parce qu'elle nécessite une infrastructure biomédicale extrêmement complexe.
– Les recherches sur les embryons surnuméraires issus de FIV, impliquant leur utilisation et leur destruction dans le cadre des lois existantes, doivent-elles être poursuivies?
– Oui, tant nos connaissances sur les cellules souches sont encore lacunaires.
«Des soucis éthiques réduits, pas éliminés»
Réactions d'opposants aux recherches sur les cellules souches d'embryons.
por Olivier Dessibourg
En 2004, la loi relative à la recherche sur les cellules souches d'embryons a été acceptée par le peuple suisse. L'un des arguments des opposants était que, pour se procurer ces fameuses cellules, il fallait détruire les embryons surnuméraires procréés lors de fécondations in vitro (FIV) , et donc tuer des «êtres humains en potentiel devenir». Aux vues de cette étude américaine, cet argument tient-il encore? Coup de sonde.
Marlies Näf-Hofman, présidente du groupe de recherches sur le sujet à l'association «Oui à la vie»
«Si l'on peut effectivement montrer que l'embryon de trois jours se développe normalement après le prélèvement d'une cellule, les préoccupations éthiques seraient amoindries. Mais pas totalement éliminées! Il reste que l'embryon est partiellement manipulé et altéré durant l'opération, ce que nous n'acceptons pas. De plus, ces résultats ont été uniquement possibles parce qu'ils sont basés sur un embryon obtenu par une FIV. Or nous rejetons cette technique, qui produit des embryons surnuméraires.»
Nicolas Betticher, chancelier de l'évêché de Fribourg
«Concernant les recherches dans lesquelles l'embryon est détruit, l'Eglise dit non. Mais là, il pourrait continuer à vivre. Si l'intervention ne lui porte pas préjudice, l'on est en droit de se demander si les démarches recherchant un plus grand bien médical ne pourraient pas être envisagées.
»Se pose encore la question de l'eugénisme. L'étude ne dit pas encore sur quelles applications elle peut déboucher. Si l'idée était de manipuler le patrimoine génétique, l'Eglise s'y opposerait. Par contre, si l'objectif était par exemple de soigner une dégénérescence de la rétine, et donc d'aboutir à une intervention qui peut améliorer la qualité de vie de la personne née de l'embryon originel, cela ne poserait plus de problème.
»En résumé, l'opération qui consisterait à faire grandir un embryon viable et en extraire une lignée de cellules souches serait éthiquement défendable, pour autant seulement que ledit embryon soit implanté. Car sinon, on se retrouve dans le cas de la production d'embryons surnuméraires, que désavoue l'Eglise. Comme, d'un point de vue plus large, toute procréation médicalement assistée. Mais le fait de savoir que des embryons surnuméraires existent nous incite à prendre position et à envisager un moindre mal pour un plus grand bien.»
Simonetta Sommaruga, conseillère aux Etats bernoise (PS)
«Nous avons toujours demandé de miser d'abord sur les cellules souches d'adultes, qui ont un énorme potentiel, et permettent de ne faire aucun mal à l'être humain. La personne qui fournit les cellules souches peut en outre donner son consentement concernant leur utilisation. Ce qui n'est évidemment pas possible dans le cas décrit dans l'étude américaine. En fait, en Suisse, la nouvelle perspective qu'elle ouvre pourrait s'inscrire dans la discussion actuelle relative à la loi sur la recherche sur l'être humain, dont la règle du consentement est une des clés de voûte. Par ailleurs, malgré l'enthousiasme généré par cette étude, il ne faut pas sauter de joie. Car souvent, beaucoup de promesses d'applications sont lancées. Mais dans la réalité, il en va autrement.»
• Aujourd'hui, il faut détruire l'embryon pour se procurer des cellules souches embryonnaires.
• Cette action est la raison de l'objection des opposants à de telles recherches.
• Des biologistes ont réussi à éviter cet écueil en assurant la survie de l'embryon.
por Olivier Dessibourg
C'est une étape capitale pour la médecine régénératrice: des chercheurs américains sont parvenus à produire des lignées de cellules souches humaines tout en évitant la destruction de l'embryon associé. Après le scandale lié à la falsification de résultats scientifiques par des chercheurs sud-coréens, cette étude, publiée aujourd'hui dans la revue de référence Nature , va donner un coup de fouet à un domaine de recherche prometteur, mais aussi lourd de préoccupations éthiques.
Les cellules souches peuvent être vues comme des «pièces de rechange» du corps humain. Non différenciées, elles ne ressemblent à aucune cellule de l'organisme. Sur commande génétique, elles se spécifient pour créer ou régénérer un organe. Le tout en se démultipliant aussi, ce qui permet de maintenir un réservoir de cellules souches non différenciées.
Parmi les types existant (voir infographie), celles qui sont prélevées chez l'embryon de quelques jours sont les plus intéressantes, car les plus «plastiques». Les scientifiques avancent qu'elles pourraient être injectées dans les tissus et organes endommagés pour les régénérer et ainsi soigner diverses maladies.
La technique utilisée pour se les procurer fait l'objet d'un vaste débat, notamment ces dernières semaines aux Etats-Unis. Les chercheurs recourent en effet à des embryons surnuméraires procréés lors de fécondations in vitro (FIV). Lorsque ceux-ci atteignent le stade de blastocyste, soit un embryon d'environ 200 cellules, ils doivent les détruire pour utiliser et étudier les cellules souches logées à l'intérieur. Cette destruction constitue la principale objection des opposants à ces recherches (lire ci-dessous). C'est cet écueil qu'ont pourtant réussi à éviter Robert Lanza et son équipe d'Advanced Cell Technologies, société basée à Worcester (Massachusetts).
Ce biologiste s'est basé sur une pratique médicale largement éprouvée mais encore controversée – elle est interdite en Suisse: le diagnostic préimplantatoire (DPI). Celui-ci se déroule sur un embryon à peine fécondé par FIV, qui contient alors huit cellules souches (appelées blastomères); les médecins en prélèvent une pour déceler une éventuelle anomalie dans le code génétique, susceptible de causer une maladie chez le futur bébé. Si tout est en ordre, l'embryon peut être implanté après avoir été amené au stade de blastocyste.
Rob Lanza a procédé identiquement sur 16 embryons. Mais au lieu d'analyser le blastomère prélevé, il a à chaque fois mis cette cellule souche en culture. «Or c'est là que réside toute la difficulté, car ces cellules n'aiment pas être seules, et dépérissent vite», explique-t-il au téléphone.
Mais Rob Lanza n'est pas le dernier venu. Déjà, il affirmait être en passe de réussir le premier clonage thérapeutique, avant de se faire doubler par les chercheurs sud-coréens, dont on sait aujourd'hui qu'ils ont fraudé. Et en octobre dernier, il annonçait dans Nature avoir dérivé des cellules souches à partir de blastomères... de souris.
Pour reproduire l'expérience avec du matériel humain, et réussir là où nombre d'autres équipes se sont cassé les dents, il lui a donc d'abord fallu trouver le milieu de culture approprié – un mélange de cellules souches humaines et de fibroblastes animaux, des cellules dites «nourricières».
Résultat: avec six des embryons considérés comme les plus parfaits, il a obtenu deux lignées de cellules souches de 50 à 100 cellules. Soit un taux de succès de 33%, qui «équivaut à celui qu'on peut atteindre avec la méthode usuelle, impliquant un blastocyste». Et d'ajouter: «Ces cellules souches présentaient les propriétés habituelles: elles pouvaient tant se dédoubler qu'être spécifiées in vitro en des cellules d'intérêt thérapeutique. Mais des études supplémentaires sont nécessaires pour vérifier leur fonctionnalité.»
Et quid de l'embryon donneur? «Il se développait normalement, comme dans le cas d'un DPI. A ce sujet, des études suggèrent que ni le taux de survie ni la maturation ultérieure ou les chances d'implantation ne diffèrent entre un embryon humain intact au stade de blastocyste et ceux qui ont subi l'extraction d'une cellule pour un DPI.» Et le biologiste de noter encore que «2000 bébés sont déjà nés après un tel DPI, et sont en bonne santé. Toutefois, je ne conseille pas de procéder à l'extraction routinière d'un blastomère lors d'une FIV. Car, concernant l'utilisation ultérieure de l'embryon, cela ajoute un risque à l'opération, même s'il est faible. Nous avons encore besoin de données scientifiques à ce sujet».
Selon Rob Lanza, la prochaine étape consiste à refaire l'expérience, mais en se passant des cellules nourricières animales, avant d'éviter tout problème de transmission de virus et d'approcher une situation pratique médicale optimale.
«Ces résultats sont très importants»
Marisa Jaconi, biologiste des cellules souches à l'Université de Genève, commente l'étude.
por Olivier Dessibourg
Le Temps: Qu'en pensez-vous?
Marisa Jaconi : Ces résultats sont très importants. Et certainement fiables. Car, après la crise liée à la fraude sud-coréenne dans ce domaine, la revue qui les publie a dû mener des vérifications poussées...
– Quelles en sont les implications?
– D'abord, cette méthode permet d'éviter de détruire l'embryon lors du prélèvement de la cellule qui sera utilisée pour créer la lignée de cellules souches. Ceci contrairement à la technique utilisée aujourd'hui, que critiquent nombre d'opposants. L'autre aspect crucial est qu'il nous sera possible d'étudier certaines maladies génétiques dès leur origine. Car on ne connaît pas encore bien les causes. Ainsi, si lors d'un diagnostic préimplantatoire sur un embryon, on s'aperçoit que celui-ci présente une anomalie génétique, le fait de disposer de ses cellules est précieux: en les dérivant, on pourrait mieux comprendre comment la maladie se manifeste progressivement lors des différents stades du développement embryonnaire, voire fœtal.
– L e débat éthique lié à l'embryon ne pourrait-il pas se déplacer sur la cellule prélevée?
– Théoriquement, il semble possible, à partir d'une cellule extraite d'un embryon qui en a au plus huit (on appelle alors ces cellules des «blastomères»), de recréer un autre embryon. Celle-ci est en effet totipotente: elle peut recréer un embryon, en plus de spécifier en n'importe quelle cellule du corps humain. Or, on pense qu'il est aussi possible de «reformater» certaines cellules souches d'adultes, dites seulement multipotentes parce qu'elles ont un potentiel de spécification limité. Mais alors, une cellule souche adulte pourrait-elle aussi redevenir un blastomère? Théoriquement et potentiellement, oui. Mais on ne sait pas encore le faire chez l'homme. On pourrait en effet réveiller cette propriété de totipotence à différents stades du développement du corps humain. La notion de potentialité devient alors le nœud de la discussion. Et, en fait, le débat éthique pourrait se déplacer à la cellule. Mais, en réalité, il ne faut pas pour autant conférer à toutes les cellules du corps le statut potentiel d'un «être humain en devenir».
– Est-il imaginable que, lors de fécondations «in vitro» (FIV), on prélève systématiquement une de ces huit cellules d'embryons, dans l'idée qu'elle sera un jour utile aux adultes qu'ils deviendront?
– En effet, les cellules souches dérivées de ce blastomère, qui seraient génétiquement identiques à celles de l'embryon, pourraient servir un jour à soigner la personne qui est née de cet embryon. Pour régénérer son cœur après une crise cardiaque, par exemple. Mais, pour l'instant, l'idée n'est ni réalisable ni généralisable. Parce qu'elle n'est pas financièrement viable. Et parce qu'elle nécessite une infrastructure biomédicale extrêmement complexe.
– Les recherches sur les embryons surnuméraires issus de FIV, impliquant leur utilisation et leur destruction dans le cadre des lois existantes, doivent-elles être poursuivies?
– Oui, tant nos connaissances sur les cellules souches sont encore lacunaires.
«Des soucis éthiques réduits, pas éliminés»
Réactions d'opposants aux recherches sur les cellules souches d'embryons.
por Olivier Dessibourg
En 2004, la loi relative à la recherche sur les cellules souches d'embryons a été acceptée par le peuple suisse. L'un des arguments des opposants était que, pour se procurer ces fameuses cellules, il fallait détruire les embryons surnuméraires procréés lors de fécondations in vitro (FIV) , et donc tuer des «êtres humains en potentiel devenir». Aux vues de cette étude américaine, cet argument tient-il encore? Coup de sonde.
Marlies Näf-Hofman, présidente du groupe de recherches sur le sujet à l'association «Oui à la vie»
«Si l'on peut effectivement montrer que l'embryon de trois jours se développe normalement après le prélèvement d'une cellule, les préoccupations éthiques seraient amoindries. Mais pas totalement éliminées! Il reste que l'embryon est partiellement manipulé et altéré durant l'opération, ce que nous n'acceptons pas. De plus, ces résultats ont été uniquement possibles parce qu'ils sont basés sur un embryon obtenu par une FIV. Or nous rejetons cette technique, qui produit des embryons surnuméraires.»
Nicolas Betticher, chancelier de l'évêché de Fribourg
«Concernant les recherches dans lesquelles l'embryon est détruit, l'Eglise dit non. Mais là, il pourrait continuer à vivre. Si l'intervention ne lui porte pas préjudice, l'on est en droit de se demander si les démarches recherchant un plus grand bien médical ne pourraient pas être envisagées.
»Se pose encore la question de l'eugénisme. L'étude ne dit pas encore sur quelles applications elle peut déboucher. Si l'idée était de manipuler le patrimoine génétique, l'Eglise s'y opposerait. Par contre, si l'objectif était par exemple de soigner une dégénérescence de la rétine, et donc d'aboutir à une intervention qui peut améliorer la qualité de vie de la personne née de l'embryon originel, cela ne poserait plus de problème.
»En résumé, l'opération qui consisterait à faire grandir un embryon viable et en extraire une lignée de cellules souches serait éthiquement défendable, pour autant seulement que ledit embryon soit implanté. Car sinon, on se retrouve dans le cas de la production d'embryons surnuméraires, que désavoue l'Eglise. Comme, d'un point de vue plus large, toute procréation médicalement assistée. Mais le fait de savoir que des embryons surnuméraires existent nous incite à prendre position et à envisager un moindre mal pour un plus grand bien.»
Simonetta Sommaruga, conseillère aux Etats bernoise (PS)
«Nous avons toujours demandé de miser d'abord sur les cellules souches d'adultes, qui ont un énorme potentiel, et permettent de ne faire aucun mal à l'être humain. La personne qui fournit les cellules souches peut en outre donner son consentement concernant leur utilisation. Ce qui n'est évidemment pas possible dans le cas décrit dans l'étude américaine. En fait, en Suisse, la nouvelle perspective qu'elle ouvre pourrait s'inscrire dans la discussion actuelle relative à la loi sur la recherche sur l'être humain, dont la règle du consentement est une des clés de voûte. Par ailleurs, malgré l'enthousiasme généré par cette étude, il ne faut pas sauter de joie. Car souvent, beaucoup de promesses d'applications sont lancées. Mais dans la réalité, il en va autrement.»